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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

dait avec elles, rendait leurs moindres nuances avec une fidélité passionnée, — autant que le lui permettaient, du moins, ses bras et son souffle débiles, que brisait l’effort titanique de Tristan, ou des dernières sonates de Beethoven. Aussi se réfugiait-il de préférence en Mozart et en Gluck ; et c’était également la musique qu’elle préférait.

Parfois, elle chantait aussi, mais des chansons très simples, de vieilles mélodies. Elle avait une voix de mezzo voilée, grave et fragile. Si timide qu’elle ne pouvait chanter devant personne ; à peine devant Olivier : sa gorge se serrait. Il y avait un air de Beethoven sur des paroles écossaises, qu’elle aimait particulièrement : le Fidèle Johnie : il était calme, calme… et une tendresse au fond !… Il lui ressemblait. Olivier ne pouvait le lui entendre chanter, sans avoir les larmes aux yeux.

Mais elle préférait écouter son frère. Elle