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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

voulaient rester ensemble. — Mme  Poyet le prit très mal. Elle dit que, quand on n’avait pas les moyens de vivre, il ne fallait pas faire les orgueilleux. Mme  Jeannin ne put s’empêcher de lui reprocher son manque de cœur. Mme  Poyet dit des paroles blessantes sur la faillite, et sur l’argent que Mme  Jeannin lui devait. Elles se séparèrent, brouillées à mort. Toutes relations furent cassées. Mme  Jeannin n’eut plus qu’un désir : rendre l’argent qu’elle avait emprunté. Mais elle ne le pouvait pas.

Les vaines démarches continuèrent. Mme  Jeannin alla voir le député et le sénateur de son département, à qui M. Jeannin avait maintes fois rendu service. Partout elle se heurta à l’ingratitude et à l’égoïsme. Le député ne répondit même pas aux lettres, et, quand elle vint sonner à sa porte, fit dire qu’il était sorti. Le sénateur lui parla avec une commisération grossière de sa situation qu’il imputa à « ce misérable Jean-