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ANTOINETTE

foi d’Olivier commençait à s’effriter déjà, sans qu’il s’en aperçût, comme une chaux trop fraîche tombe des murs, au souffle de la pluie. Il continuait de croire ; mais autour de lui, Dieu mourait.

Sa mère et sa sœur poursuivaient leurs courses inutiles. Mme  Jeannin était retournée voir les Poyet, qui, désireux de se débarrasser d’eux, leur offrirent des places. Il s’agissait pour Mme  Jeannin d’entrer comme lectrice chez une vieille dame, qui passait l’hiver dans le Midi. Pour Antoinette, on lui trouvait un poste d’institutrice chez une famille de l’Ouest de la France, qui vivait toute l’année à la campagne. Les conditions n’étaient pas trop mauvaises ; mais Mme  Jeannin refusa. Plus encore qu’à l’humiliation de servir elle-même, elle s’opposait à ce que sa fille y fût réduite, et surtout à ce qu’Antoinette fût éloignée d’elle. Si malheureux qu’ils fussent, et justement parce qu’ils étaient malheureux, ils