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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

talent. La petite, gênée, mécontente, joua horriblement. Les Poyet, ennuyés, attendaient qu’elle eût fini. Mme  Poyet regardait sa fille, avec un plissement de lèvres ironique ; et, comme la musique durait trop, elle se remit à causer de choses indifférentes avec Mme  Jeannin. Enfin, Antoinette, qui avait complètement perdu pied dans son morceau, et qui s’apercevait avec terreur qu’à un certain passage, au lieu de continuer, elle avait repris au commencement, et qu’il n’y avait pas de raison pour qu’elle en sortît jamais, coupa court, et termina par deux accords qui n’étaient pas justes, et un troisième qui était faux. M. Poyet dit :

— Bravo !

Et il demanda le café.

Mme  Poyet dit que sa fille prenait des leçons avec Pugno. La demoiselle, « qui prenait des leçons avec Pugno », dit :

— Très joli, ma petite…

et demanda où Antoinette avait étudié.