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Jean-Christophe

Quand elle eut disparu, il se trouva tout à fait seul, cette fois, étranger sur une terre étrangère. Il tenait à la main la lettre de sa mère et le fichu amoureux. Il serra celui-ci sur sa poitrine, et il voulut ouvrir la lettre ; mais sa main tremblait. Qu’allait-il lire ? Quelle souffrance allait-il y trouver ? — Non, il ne supporterait pas le reproche douloureux, qu’il croyait déjà entendre : il reviendrait sur ses pas.

Il déplia enfin la lettre, et lut :

« Mon pauvre enfant, ne te tourmente pas de moi. Je serai sage. Le bon Dieu m’a punie. Je ne devais pas être égoïste et te garder ici. Va à Paris. Peut-être que ce sera mieux pour toi. Ne t’occupe pas de moi. Je sais me tirer d’affaire. L’essentiel, c’est que tu sois heureux. Je t’embrasse.

« Maman.

« Écris-moi, quand tu pourras. »

Christophe s’assit sur sa valise et pleura.