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Il est à l’église avec grand-père. Il s’ennuie. Il n’est pas très à son aise. On lui défend de remuer, et les gens disent ensemble des mots qu’il ne comprend pas, et puis se taisent ensemble. Ils ont tous une figure solennelle et morose. Ce n’est pas leur figure de tous les jours. Il les regarde, intimidé. La vieille Lina, la voisine, assise à côté de lui, a pris un air méchant ; à des moments, il ne reconnaît même plus grand-père. Il a un peu peur. Puis il s’habitue, et il cherche à se désennuyer par tous les moyens dont il dispose. Il se balance, il se tord le cou pour regarder au plafond, il fait des grimaces, il tire grand-père par son habit, il étudie les pailles de sa chaise, il tâche d’y faire un trou avec ses doigts, il écoute les cris d’oiseaux, il bâille à se décrocher la mâchoire.

Soudain, une cataracte de sons ; l’orgue joue. Un frisson lui court le long de l’échine. Il se retourne, le menton appuyé sur le dossier de sa chaise, et il reste très sage. Il ne comprend rien à ce bruit, il ne sait pas ce que cela veut dire : cela brille, cela tour-

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