chior eût souhaité que le petit pût se présenter en robe courte, et les mollets nus, comme un enfant de quatre ans. Mais Christophe était très robuste pour son âge ; et chacun le connaissait : on ne pouvait se flatter de faire illusion sur personne. Melchior eut alors une idée triomphale. Il décida que l’enfant serait mis en frac, avec une cravate blanche. En vain, la bonne Louisa protestait qu’on voulait rendre ridicule son pauvre garçon. Melchior escomptait justement le succès de douce gaieté, produite par cette apparition imprévue. Il en fut fait ainsi, et le tailleur vint prendre mesure pour l’habit du petit homme. Il fallut aussi du linge fin et des escarpins vernis ; et tout cela encore coûta les yeux de la tête. Christophe était fort gêné dans ses nouveaux vêtements. Pour l’y accoutumer, on lui fit répéter, plusieurs fois, ses morceaux en costume. Depuis un mois, il ne quittait plus le tabouret de piano. On lui apprenait aussi à saluer. Il n’avait plus un instant de liberté. Il enrageait, mais n’osait se révolter ; car il pensait qu’il allait accomplir un acte éclatant ; et il en avait orgueil et peur. On le choyait d’ailleurs ; on craignait qu’il n’eût froid ; on lui serrait le cou dans des foulards ; on chauffait ses chaussures, de peur qu’elles ne fussent mouillées ; et, à table, il avait les meilleurs morceaux.
Enfin, le grand jour arriva. Le coiffeur vint prési-