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Jean-Christophe

s’incline à Tes pieds, dans un profond abaissement !


De Sa Hautement Digne, Très Sublime Altesse
le parfaitement soumis,
fidèlement, très obéissant serviteur,

Jean-Christophe Krafft.


Christophe n’entendit rien : il était trop heureux d’en être quitte ; et, dans la crainte qu’on ne le fît recommencer encore, il se sauva dans les champs. Il n’avait nulle idée de ce qu’il avait écrit ; et il ne s’en souciait aucunement. Mais le vieux, après avoir terminé sa lecture, la reprit encore une fois, pour la mieux savourer ; et quand ce fut fini, Melchior et lui déclarèrent que c’était un maître morceau. Ce fut aussi l’avis du grand-duc, à qui la lettre fut présentée, avec une copie de l’œuvre musicale. Il eut la bonté de faire dire que l’une et l’autre étaient d’un style charmant. Il autorisa le concert, ordonna de mettre à la disposition de Melchior la salle de son Académie de musique, et daigna promettre qu’il se ferait présenter le jeune artiste, le jour de son audition.

Melchior s’occupa donc d’organiser au plus vite le concert. Il s’assura le concours du Hof Musik Verein ; et, comme le succès de ses premières

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