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l’aube

ans ; et, depuis quelque temps, ma Muse, fréquemment, dans les heures d’inspiration me chuchotait à l’oreille : « Ose ! Ose ! Écris une fois les harmonies de ton âme ! » — Six années ! pensais-je ; et comment oserai-je ; Que diraient de moi les hommes savants dans l’art ? » — « J’hésitais. Je tremblais. Mais ma Muse le voulut : — J’obéis. J’écrivis.

« Et maintenant, aurai-je,


ô Très Sublime Altesse !


aurai-je la téméraire audace de déposer sur les degrés de Ton Trône, les prémices de mes jeunes travaux ?… Aurai-je la hardiesse d’espérer que Tu laisseras tomber sur eux l’auguste approbation de Ton regard paternel ?…

« Oh ! oui ! car les Sciences et les Arts ont toujours trouvé en Toi leur sage Mécène, leur champion magnanime ; et le talent fleurit sous l’égide de Ta sainte protection.

« Plein de cette foi profonde et assurée, j’ose donc m’approcher de Toi avec ces essais juvéniles. Reçois-les comme une pure offrande de ma vénération enfantine, et daigne, avec bonté,


ô Très Sublime Altesse !


jeter les yeux sur eux, et sur leur jeune auteur, qui

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