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l’aube

Il en était sûr ; mais de l’entendre dire lui fit un coup au cœur :

— Oh ! grand-père !…

Le vieux, rayonnant, lui expliqua le cahier :

— Voilà : Aria. C’est ce que tu chantais mardi, quand tu étais vautré par terre. — Marche. C’est ce que je t’ai demandé de recommencer, l’autre semaine, et que tu n’as jamais pu retrouver. — Menuet. C’est ce que tu dansais devant mon fauteuil… Regarde.

Sur la couverture était écrit, en gothiques admirables :


Les Plaisirs du Jeune Âge : Aria, Minuetto, Walzer, e Marcia, op. i de Jean-Christophe Krafft.


Christophe fut ébloui. Voir son nom, ce beau titre, ce gros cahier, son œuvre !… Il continuait de balbutier : — « Oh ! grand-père ! grand-père !… »

Le vieux l’attira à lui. Christophe se jeta sur ses genoux, et cacha sa tête dans la poitrine de Jean-Michel. Il rougissait de bonheur. Le vieux, encore plus heureux que lui, reprit d’un ton qu’il tâchait de rendre indifférent, — car il sentait qu’il allait s’émouvoir :

— Naturellement, j’ai ajouté l’accompagnement,

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