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projets et l’a abandonné. Puis elle parle de Champagneux[1], directeur du journal le Courrier de Lyon, brave et excellent homme, mais pas assez actif….


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À LANTHENAS, [À PARIS[2].]
22 juin 1790, — [de Lyon.]

Je reçois en même temps, mon bon frère, vos deux lettres des 16 et 18 ; elles me font un extrême plaisir ; je n’ai pas besoin de nouvelles circonstances pour apprécier votre amitié ; mais il en est telles où ses témoignages deviennent encore plus touchants. Je me sais bon gré de vous avoir donné tous les détails que je vous expédiai hier directement, et puisque Wlle [Warville] se soutient ainsi, je laisse à votre prudence de lui communiquer tout ce que je vous ai dit de Blot et de notre liaison avec lui.

Blot nous a véritablement abandonnés, après nous avoir poussés ; c’est un vrai clabaudeur, déclamant avec violence dans le particulier, mais ne sachant rien soutenir en public. Je vous enverrai demain, faute de temps aujourd’hui, la copie de ce que notre ami a lu au Conseil de la commune[3] et qui a fait si fort crier, parce que c’étaient de dures vérités. Nous sommes des proscrits contre lesquels on se déchaîne avec

  1. Ici apparaît pour première fois un des plus fidèles amis des Roland, Luc-Antoine Donin de Rosières de Champagneux, né à Bourgoin le 24 juin 1744, mort à Jallieu (près Bourgoin) le 7 août 1807. Sa vie a été mêlée si intimement à la leur, que nous avons cru nécessaire de lui consacrer une notice (Appendice N). Disons seulement ici que Champagneux, avocat à Lyon, lié avec les Roland dès 1785, avait fondé le 1er septembre 1789, pour soutenir la Révolution, le Courrier de Lyon, et allait entrer, en 1791, dans la Commune de Lyon, dont il fut un des membres les plus laborieux et les plus énergiques, jusqu’au jour où Roland, devenu ministre, l’appela comme chef de division au Ministère de l’intérieur.
  2. Ms. 9533, fol. 246-248, autogr. — Dans un coin de la lettre, au haut, à gauche, il y a : « M. Lth. ».
  3. Probablement l’« Avis de l’un des membres du Conseil général de la Commune de Lyon, donné en la séance du 19 juin 1790 (au sujet des finances et des dettes de la ville de Lyon : payer ou faire banqueroute : voilà tout ce qu’on nour présente en