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[À BOSC, À PARIS[1].]
20 mars 1790, — [de Lyon].

Or donc, pourquoi n’entendons-nous plus parler de vous ? Si nous gardions pareil silence, vous pourriez être inquiet de ce que nous serions devenus. On voit bien que vous ne courez pas les dangers d’une grande célébrité et que vous n’avez pas la conscience des craintes de vos amis. Quoi qu’il en soit, voici une feuille où vous lirez quelques pages d’édification, puis vous ferez passer aux amateurs indiqués.

Je vous prie de faire passer la lettre pour Dieppe.

Tachez donc de nous avoir révélation de ce mémoire sur les noyers et l’huile de noix, que notre ami vous avait envoyé et dont nous n’entendons rien dire[2].

On travaille toujours ici aux élections, c’est l’ouvrage de Pénélope. Nous sommes enchantés de la manière dont Wille[3] a repoussé les injures de notre jeunesse. On ne peut mettre plus de force et de dignité, ni prendre un ton qui soit en même temps plus noble et plus touchant.

L’aristocratie de cette ville est dans un état de contraction et de rage inexprimables ; elle s’agite en cent façons : mais le peuple parait

  1. Collection Alfred Morrison, 2 folios.
  2. Il s’agit d’un Essai sur la culture du noyer et la fabrication de l’huile de noix, que Roland avait envoyé à Bosc pour être inséré dans le Journal de physique. (Voir coll. Morrison, lettre de Roland à Bosc du 25 janvier 1790, et autre lettre sans date où il ajoute : « J’ai été beaucoup employé ces jours passés par la Société philanthropique : assemblées, comités, rédaction d’adresses au Roi, à la Reine, aux concitoyens, etc. », sans doute à la suite de la séance de l’Assemblée du 4 février, où Louis XVI avait adhéré à la Constitution.)
  3. Warville, c’est-à-dire Brissot. — On venait de publier sous le nom des « volontaires de Lyon », c’est-à-dire de la jeunesse aristocratique qui formait un corps spécial de la garde nationale, une lettre de violentes et basses injures contre Brissot, et celui-ci y avait répondu avec beaucoup de dignité dans le Patriote français du 15 mars.