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je crois pourtant que les nominations[1] se feront sagement : le patriotisme gagne tous les jours et, en dépit des cabaleurs et de leurs calomnies, le peuple juste et tranquille choisira de bons administrateurs.

Faites-nous part de ce que vous voyez et pensez ; vous ne nous avez plus dit un seul mot sur l’étrangère[2] et votre grande discrétion me fait croire à de grandes choses ; vous êtes un peu absorbé : mais encore peut-on vous demander des nouvelles de la société des Amis de la Loi.

Adieu, j’ai beaucoup à faire, et j’ai faim et je ne sais trop comment suffire à la fois à tant de choses.

Portez-vous bien, ne nous oubliez pas et aimez-nous toujours. Dites-moi si le fils du brave Gibert est rétabli et si le bon père est tranquille.


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À LANTHENAS. [À PARIS[3].]
6 mars 1790, — [de… ].

Guerre ! guerre ! guerre !

  1. Les élections comunnales de Lyon, faites en vertu de la loi du 14 décembre 1789, commencèrent le 22 février 1790 et se prolongèrent plusieurs semaines ; la municipalité ne fut installée que le 12 avril. Roland ne fut élu que parmi les notables (Wahl, p. 539). Il espérait mieux sans doute, et le Patriote français (25 février 1790, voir Appendice P) l’avait désigné pour une « place distinguée ».
  2. Cette étrangère n’était autre que Théroigne de Méricourt (ou plus exactement Terwagne de Marcourt), chez qui se tenait, à l’hôtel de Grenoble, rue du Bouloi, le club de Amis de la Loi, qu’elle avait fondé avec Romme, et dont elle était « archiviste ». Le club s’ouvrit en janvier 1790, Bosc y était assidu. (Variétés révolutionnaires, 3e série, par M. Marcellin Pellet, p. 86-89.) Ce premier club des Amis de la Loi ne tarda pas à se dissoudre (ibid), et par conséquent semble distinct de la Société des Amis de la Loi, établie aux Thétins en 1791, dont parle M. Tourneux, II, p. 10084 et suiv.
  3. Début d’une lettre à Lanthenas, cité par Saint-Beuve, Introduction aux Lettres à Bancal, p. xxxii