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[À BOSC, À PARIS[1].]
4 septembre [1789, — du Clos].

Votre bonne lettre nous donne de bien mauvaises nouvelles ; nous avons rugi en les apprenant et en lisant les papiers publics : on va nous plâtrer une mauvaise constitution comme on a gâché notre Déclaration incomplète et fautive. Ne verrai-je donc point une adresse de réclamation pour la révision du tout ? Tous les jours on en voit d’adhésion et autres de ce genre qui annoncent notre enfance et marquent nos flétrissures ; c’est à vous, Parisiens, à donner en tout l’exemple ; qu’une adresse sage et vigoureuse montre à l’Assemblée que vous connaissez vos droits, que vous voulez les conserver, que vous êtes prêts à les défendre, et que vous exigez qu’elle les avoue ! Sans cette démarche d’éclat, tout est pis que jamais. Ce n’est pas le Palais-Royal qui la doit faire, ce sont vos districts réunis ; cependant, s’ils ne s’y portent pas, qu’elle se fasse toujours, par qui que ce soit, pourvu que ce soit en nombre capable d’en imposer et d’entraîner par son exemple.

Je prêche tout ce que je puis. Un chirurgien et un curé de village se sont abonnés pour le journal de Brissot, que nous leur avons fait goûter ; mais nos

  1. Bosc, IV, 132 ; Dauban, II, 575. — Nous plaçons cette lettre à la date que Bosc lui a donnée ; mais il est évident qu’elle se compose de trois morceaux différents, que Bosc a étourdiment réunis :

    1° Les quatre premiers paragraphes, jusqu’à « le nom d’un être si estimable », sont bien du 4 septembre. L’Assemblée avait en effet, dans la séance du 27 août, décidé d’attendre pour ajouter de nouveaux articles à la Déclaration des droits et de passer à l’examen de la Constitution. Le Patriote du 29 août en avait apporté la nouvelle.

    2° Mais les trois paragraphes suivants, depuis : « j’apprends dans l’instant » jusqu’à « si l’on n’y prend garde », appartiennent à une autre lettre, et doivent avoir été écrits entre le 18 et le 20 juillet, lorsqu’on apprit à Lyon les incidents de la matinée du 15 juillet à Versailles (le Roi et ses deux frères à l’assemblée, Marie-Antoinette avec son fils au balcon du château, etc.).

    3° Toute la fin, depuis : « n’a-t-on pas à craindre de geler… », est bien certainement des derniers jours de janvier 1790. Ce n’est pas au 4 septembre qu’on aurait pu écrire « au renouvellement d’une année qui recule la date de notre liaison ». Ce dernier morceau a été écrit au Clos, où les Roland passèrent l’hiver de 1789 à 1790, tandis qu’en janvier 1789 ils étaient à Lyon.