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318

À BOSC, [À PABIS[1].]
18 mars 1789, — de Lyon.

Vous êtes affligé, ce m’est une raison de vous écrire. À vous, qui m’avez rafraîchi le sang, en m’apprenant que mon Agathe respirait encore, que ne puis-je faire passer quelque nouvelle aussi consolante ! Mais au moins je mettrai mon âme à l’unisson de la vôtre en vous apprenant que je suis encore dans le chagrin. Celui de mes beaux-frères avec lequel mon mari a le plus vécu et auquel nous sommes singulièrement attachés, notre compagnon de voyage, le bon curé de Longpont, est dans un état inquiétant : il parait menacé de la pierre[2].

On vient de m’interrompre ; un brave homme lit ici tout haut un manuscrit sur les droits féodaux, et sa voix est tonnante au point de tourmenter mon oreille et de harceler mon attention. L’heure du courrier me presse. Adieu ; recevez les embrassements de la bonne et franche amitié qui voudrait adoucir les affections pénibles dont vous êtes préoccupé.


319

M. DE FENILLE, À BOURG[3].
21 mars 1789, — de Lyon.

Je sais fort bien, Monsieur, que le silence est l’ornement des femmes ; les Grecs l’ont dit ; Mme  Dacier l’a reconnu, et, quelle que soit l’opposition

  1. Collection Alfred Morrison, 1 folio. — Dans un coin, à gauche, il y a : M. d’Antic. Ce n’est qu’à partir du décret du 19 juin 1790, abolissant tous les titres de noblesse et ordonnant que chacun ne portât désormais que son vrai nom de famille, que Bosc et Roland se réduisirent à leur nom patronymique.
  2. Pierre Roland mourut le 23 novembre 1789. — Voir Appendice C.
  3. Ms. 6241, fol. 241-244. — Écriture de Roland ; mais la lettre est écrite au nom