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Au commencement de juin, Roland tombe gravement malade ; jusqu’à la fin de juin, sa vie est en danger. Vient ensuite une longue et pénible convalescence, qui se prolonge jusqu’à la fin de l’année, mais qui, dès la fin de juillet, ne l’empêchera pas d’écrire, et qui lui permettra, vers le milieu de septembre, de se transporter à Villefranche.

Auprès de son mari malade. Madame Roland suit, avec une fièvre extraordinaire, les événements de Paris. Dès le commencement, elle n’a aucune illusion, elle ne croit pas à la Révolution avec le Roi. Elle pousse ses amis aux solutions extrêmes et décisives. Elle ne s’en remet même pas à l’Assemblée nationale, qui, selon elle, ne doit que proclamer le Droit nouveau, puis revenir devant les électeurs qui choisiront d’autres mandataires pour faire la Constitution.

Quand la grande peur arrive, quand on apprend à Lyon (26 juillet) cette mystérieuse Jacquerie qui épouvante les campagnes, elle court au Clos (29 juillet). Mais, bien vite rassurée pour son « ermitage », elle est de retour à Lyon dès le 15 août, auprès de son malade.

Il semble qu’elle ait pu, en septembre, emmener Roland en Beaujolais, tantôt à Villefranche, tantôt au Clos (il fallait faire les vendanges), et que le mois d’octobre, au contraire, se soit passé à Lyon. C’est de là qu’elle écrit, dans les premiers jours d’octobre, cette lettre si curieuse (lettre 332) où elle trace à ses amis un plan détaillé pour aller enlever l’Assemblée à Versailles, au moment même où les Parisiens exécutaient spontanément ce coup de main qui mettait désormais la Révolution à l’abri de tout complot militaire.

Les lettres que nous avons sont d’ailleurs trop peu nombreuses pour que ces allées et venues des Roland entre Lyon, Villefranche et le Clos puissent êlre indiquées avec une précision absolue ; il y en a eu probablement quelques autres, très rapides d’ailleurs, et sans intérêt pour suivre la correspondance.