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à Paris aujourd’hui, et que l’on cultive dans ses environs, est du genre Raphanus ou Brassica[1]. Puis, par extension, vous me manderez dans quel genre vous comprenez la petite rave que vous autres, Parisiens, mangez à déjeuner ; puis, si vous connaissez la rave longue et ronde qui croît en Flandre et dans nos provinces, et comment vous la dénommez. Que votre décision soit exacte et précise sur tous ces points ; elle terminera de savantes discussions dans lesquelles vous devez trouver très glorieux d’être pris pour arbitre. Mais que cette décision soit accompagnée des phrases de Linné, car nous avons ici beaucoup d’objets et peu de livres. Si je suis satisfaite de votre science, et que pourtant vous ne connaissiez pas nos raves, le plus sain, le plus doux et le plus léger des aliments pour l’homme et les animaux, je vous enverrai par la tête une de ces raves, de cinq à six livres pesant, longue ou ronde, à votre choix.

Adieu ; n’oubliez pas tout à fait vos amis de l’autre siècle, qui vous embrassent tout bonnement.


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À BOSC, À PARIS[2].
18 décembre 1788, — du Clos.

Nous avons reçu, mon cher, vos très savantes explications botaniques et vous en rendons grâces. Vous n’aurez point de mes raves par la tête, mais il faudrait me faire manger des turneps pour me convaincre s’ils sont meilleurs. Il faut avouer que les distinctions des savants ne supposent pas toujours, entre les plantes dont ils ont fait divers genres, une différence de saveur et de propriétés.

  1. Roland avait longuement parlé, au tome I de son Dictionnaire (p. 156e, 169e), du Commonfields-turnips, avec lequel on nourrissait les moutons en Angleterre. Il voulait sans doute de nouvelles indications pour la deuxième partie du tome II (Errata, supplément, etc… ), qu’il faisait alors imprimer. « …Mon gros ouvrage que je commence, sous quinze jours, à mettre sous presse à Lyon » (Coll. Morrison, lettre à Bosc, du 24 août 1788) ; — « J’ai fait aujourd’hui le premier envoi de manuscrit pour mettre sous presse à Lyon. Ainsi me voilà en train pour la suite de ma grande œuvre » (ibid, 5 septembre) ; — « L’Encyclopédie s’imprime ; je viens de corriger la 16e feuille de plus de 100 cette fournée… » (idid, 12 novembre).
  2. Catalogue Morrison, t. V, p. 310 : « Lettre autographe, à M. d’Antic ; au Clos de La Platière, 18 décembre 1788, 3 pages in-4o, avec l’adresse. »