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rendu peu à peu un très gros ver, le premier quelle eût fait de sa vie, et dont la sortie a été l’époque d’un mieux sensible.

Peut-être cette connaissance sera-t-elle nouvelle pour quelques-uns de vos docteurs, et leur servira-t-elle plus que vos préservatifs contre la Cassida viridis ne me seront utiles ; voilà comme je veux me venger du défaut de votre savoir.

J’attends votre sévère critique ; mais suspendez-la sur l’article Lavater, attendu que j’ai du nouveau à fournir[1].

Vous ne me dites plus rien de vos savants, ou prétendus tels, intrigants et autres. Que fait cette petite nation tandis que la grande république est en désordre, et que l’argent est aussi rare dans les coffres que l’eau l’a été dans notre citerne en avril et mai ?

Maintenant j’ai de quoi vous baptiser, si vous voulez venir nous voir, et je puis délier tout ce que vous avez de répréhensible, avec un élément si pur, un air si excellent et une solitude si profonde. Mon bon ami est toujours à Lyon : je ne sais pas bien encore quand il reviendra. Ma santé est passable quand je puis ne m’inquiéter ni ne m’affecter de rien ; mais mon estomac n’est plus de force à supporter sans altération les mouvements de mon cœur ou les agitations de mon cerveau ; et quand ceux-ci s’exercent un peu trop, l’autre se repose tout uniment et ne veut pas digérer. Il faut bien prendre patience avec ces anciens serviteurs qui s’avisent de gouverner !

Adieu, j’ai du travail et je m’amuse à babiller. Il me semble que vous n’écrivez plus depuis que je suis en retraite ; je n’ai reçu qu’une fois de vos nouvelles ici, où je suis du 15 du mois dernier.

Salut et bonne amitié.


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[À LAVATER, À ZURICH[2].]
7 juillet 1788, — au Clos Laplatière.

Vous oublier ! respectable et cher Lavater ! C’est assurément ce qui ne nous arrivera jamais. Nous sommes trop pénétrés de ce que vous êtes et de ce que

  1. Elle venait de recevoir des nouvelles de Lavater, comme on le verra par la lettre suivante.
  2. Tiré des papiers de Lavater (Lavater-Archiv) et publié par M.G. Finsler, recteur du gymnase de Berne. Lavater Beziehungen zu Paris in den Revolutionsjarhen 1789-1795. Zurich, 1898.