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légèreté, quelle allure avec un premier ministre ! On pouvait écrire tout cela, mais la manière et le ton m’en paraissent comiques.

Le chanoine est revenu aujourd’hui pour m’accompagner à Cruix ; je ne sais combien il doit me demeurer, il y avait chez ces dames leur frère de Tavernost, l’aîné, brave et digne homme, qui m’a parlé de toi comme t’ayant vu cité, annoncé çà et là, et en concevant, par cela et par le reste, une opinion qui me l’a fait aimer.

Le voisin de Compchavassou a fait le diable, et avec moi et près des pionniers, à cause de la réparation qu’on fait à la terre ; il prétend je ne sais quoi et il ne le sait pas lui-même, mais il jure, tempête, menace, ne parle que de f…, de procès, d’huissiers, d’assignations, d’argent, etc. C’est un vieux coquin, d’un tempérament colérique, d’une très mauvaise tête et d’une vilaine âme ; incapable de faire ni d’entendre aucun raisonnement qui ait le sens commun, mais qu’au besoin je croirais

    lui. Diverses allusions des lettres de 1787 indiquent qu’il devait sortir de la collaboration des Roland. Il ne tend rien moins qu’à remplacer « l’inspection actuelle des manufactures », coûtant annuellement 294,000 livres, par « un autre cadre d’inspection » qui, tout en coûtant 100,000 liv. de moins, porterait sur toutes les branches du travail national et auquel se rattacherait une école « montée à l’instar de celle des Ponts et Chaussées ». Ce qui prouve bien que ce mémoire a été rédigé ou inspiré par Roland, c’est qu’on y trouve tous les éléments du projet de réforme que l’Inspecteur reproduira, l’année suivante, dans son Dictionnaire des manufactures (t. II, Errata et Supplément, p. 143-144 ; Vocabulaire, p. 131-132.). On verra plus loin (lettre du 2 mars 1788) à quelles mesures se réduisirent les projets de réforme de Brienne. En somme, les démarches de Roland en 1788 furent vaines, mais il devait retrouver plus tard Servières, qui allait avoir un rôle assez actif dans la Révolution, d’abord en 1791, comme président de la « Société nationale des arts et découvertes », puis en 1792 comme président et ensuite membre du « Bureau de consultation des arts et métiers » (voir J. Guillaume, Procès-verbaux du comité d’instruction publique de l’Assemblé Législative ; idem de la Convention, passim). Ce n’est pas ici le lieu d’étudier ce rôle, ni d’exposer ces rapports. Disons seulement que, très cordiaux en février 1792 (ms. 9532, fol. 184-187), ils devinrent fort tendus lorsque Roland fut ministre (J. Guillaume, passim ; cf. ms. 9532, fol. 192). Ajoutons que le baron de Servières prit, à partir de 1794, son nom patronymique, Reth, et qu’en octobre 1796 il était « Directeur des artistes de la fabrication du papier-monnaie » ( N° 224 du catalogue de la collection Étienne Charavay).