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dans une chemise particulière ; il n’y a pas grand’chose dans tout cela pour l’imprimé à petits caractères de ces grands diables d’in-quarto.

Je suis bien aise que mon Voyage te paraisse passable, car j’en ai fait la plus grande partie avec plaisir, et je serais piquée d’en avoir pris à ce qui ne t’en donnerait pas. Que fais-tu du poisson-Landine, du pédant-Frossard, de l’adroit-Le Camus, de l’hypocrite-Villers, de la ganache-Tissier, du cynique-Gilibert, de l’esprit-Laurencin, de l’habile-Rast et de tant d’autres que je vois d’ici se redresser à leur manière et jouer leur partie, chacun dans sa sphère[1] ?

J’ai été enfin, avec le frère, voir nos dames de Cruix ; elles m’ont invitée pour la Sainte-Catherine qu’elles célébreront mardi prochain. S’il fait beau, le frère viendra, mais seulement s’il fait beau. Je lui ai rappelé ma requête des tuiles ; elles sont payées, mais je n’ai pas bien compris si c’était y compris nos 6tt, et je n’ai point jugé à propos de pousser. Il a soldé hier, avec le maréchal d’ici, un compte de 20 écus. Tout ira, mon bon ami : ménage ta santé, pends courage et patience, ne te fâche pas et nous nous tirerons avec le temps et la vigilance.

Tu auras fait visite à Mme  Terray ? Et dans ta maison, tu n’as vu personne, je parie. Adieu, mon cher loup-loup ; adieu, mon bon ami ; j’ai bien aimé tes jolis ∞ et je t’embrasse en les faisant ∞.


287

[À ROLAND, À LYON[2].]
Le 27 au soir, novembre 1787. — [du Clos].

Joseph est arrivé ce matin, mon cher bon ami, comme je m’habillais pour me rendre à Cruix. J’ai dévoré ta lettre, ton mot délicieux à

  1. On connaît déjà presque tous les noms de cette enumération malveillante : Delandine, Frossard, Le Camus, de Villers, Teissier, Gilibert et Rast. L’autre est le comte de Laurencin (1733-1812), chevalier de Saint-Louis, des Académies de Rouen et de Lyon, membre honnoraire de L’Académie de Villefranche (Alm. de Lyon, 1787). — Voir sur lui Quérard, France littéraire.
  2. Ms. 6239, fol. 217-218.