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littéraire comme les épices dans les ragoûts : il n’en faut guère pour conserver sa santé, son bonheur.

La pauvre Saint-Jean ne va pas le mieux du monde ; la médecine du docteur l’a horriblement fatiguée et surmenée ; la fièvre est revenue ; j’ai grand’peur que mes malades ne s’approchent de l’éternité.

Je t’ai donné l’adresse de la parente de Lavater, tu dois la retrouver ; au reste, je ne sache pas qu’elle contienne autre chose que son nom : Mme Escher[1], née Lustin ou Lestin, je sais pas bien ; mais le nom d’Escher et le renseignement de son origine zurichoise te suffiront pour la trouver ; tu as aussi l’adresse du médecin, qui est : Dietschen Lavater. D. M.

Je t’envoie quatre chemises et autant de cols, non par la femme d’Alix qu’il faut aller chercher, mais par un homme de Thézé qui va ordinairement à Lyon et qui peut aisément passer ici en allant et en revenant. Je n’ai pas fait de prix avec lui, je le payerai au retour.

Je t’ai écrit un mot que tu dois recevoir par le courrier de jeudi ; je l’ai fait dans l’incertitude du jour où partirait notre messager et afin de ne pas manquer une occasion de te donner de mes nouvelles.

Le mauvais temps ne m’empêche pas de me plaire ici plus qu’à la ville ; j’y trouve tout simple et paisible, je n’y entends point de petits propos agaçants, je n’y vois pas de sottes prétentions, je n’ai rien à réprimer, ni au dehors, ni en moi-même. Je voudrais y demeurer toute l’année, avec un seul petit voyage à Lyon pour ne pas se rouiller.

  1. Il semble résulter de ce passage qu’une parente de Lavater, Mme Escher, et le frère du pasteur zurichois, le médecin Diethelm Lavater, avaient écrit au CLos pour annoncer leur arrivée à Lyon. (Cette Mme Escher, née Lustin ou Lestin (?), était sans doute de la famille illustrée par Jean-Conrad Escher de la Linth.)

    Ils devaient s’y rencontrer avec un autre ami de Lavater, Heisch, qui venait d’arriver à Lyon, d’où il écrivit à Lavater, le 24 novembre, pour lui raconter ses entretiens avec Roland, une longue lettre qu’a publiée M. Finsler (p. 52*).

    Roland, de son côté, écrivait à Bosc le 25 novembre (ms. 9532, fol. 165) pour lui recommander Heisch et son élève, le jeune baron de Vietinghof, qui l’accompagnait.

    Madame Roland, peu familiarisée avec les noms zurichois, les estropie quelque peu : Dietschen pour Diethlem ; n’aurait-elle pas, de même, lu Lustin pour Usteri ? Les Usteri de Zurich étaient alliés aux Lavater et aux Escher.