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un mois chez un autre homme que l’ouvrier à qui elle était adressée ; enfin le tout doit arriver et s’arrangera incessamment.

Je te ferais bien rire si je te racontais les confidences de ton petit loup ; il me disait hier, avec une franchise qui me la fait embrasser cinq ou six fois, qu’il t’aimait bien plus que moi : « Et pourquoi cela ? — C’est que je ne vous aime pas tant ! — Et pourquoi ? — C’est comme cela. — Mais encore, il y a une raison qui te fait mieux aimer papa ? — Oui ; car il me pardonne tous les jours et il me caresse davantage. — Mais il te corrige bien aussi ? — Oh ! il me pardonne toujours, tous les jours ; et quelquefois, quand je n’ai pas été sage, vous vous en souvenez, vous ne voulez pas que je vous caresse. »

N’est-il pas plaisant que ce soit moi qui sois le terrible personnage entre nous ? Ce qui ne l’est pas moins, c’est que, sans changer de conduite à son égard, je t’aime encore plus, ce me semble, depuis cet aveu et ses excellents pourquoi.

Adieu, gros loup… Je t’embrasse… Je ne puis pas dire !


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[À BOSC, À PARIS[1].]
10 janvier 1787, — de Villefranche.

Mon maître me renvoie votre lettre, me charge de vous expédier la ci-jointe et de vous prier de la faire parvenir le plus tôt possible.

Il me mande d’ajouter qu’il a reçu le catalogue et qu’il va voir ; que ce sera par la voie du docteur Gilibert chez lequel il allait dîner hier. Je vous transmets cela, comme l’Écriture sainte, sans y rien comprendre.

Dites à Lanthenas que, lorsqu’il voudra se mettre en bonne odeur près de mon beau-frère, il aura soin de larder ses lettres de nouvelles

  1. Collection Alfred Morrison.