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ANNÉE 1787.



AVERTISSEMENT.

Les années précédentes ont fourni beaucoup à la Correspondauce : — 38 lettres en 1783, — 74 en 1784, — 48 en 1785, — 52 en 1786. — Pour l’année 1787, nous n’en comptons que 25, et cette rareté se continuera en 1788 (26 lettres) et en 1789 (22 lettres), il est évident qu’il en manque un grand nombre de ces années-la, et c’est une sensible lacune, car c’est surtout aux approches de la Révolution qu’il importerait de se rendre compte de l’état d’esprit de Madame Roland et de son mari. Ce que nous avons permet déjà de faire une constatation assez curieuse. Madame Roland, en 1787, continue à se désintéresser presque absolument de la politique du jour : elle « bâille sur les gazettes » (lettre du 10 février) ; elle ne s’inquiète des changements de ministres qu’au point de vue de l’avancement ou de la sécurité de son mari. C’est toujours la femme qui, dans sa lettre du 11 août 1786, regrettait que Lanthenas, écrivant contre le droit d’aînesse, se fût « engoué de la défense des cadets ». Elle jugeait son temps, mais croyait à sa durée et tâchait de s’en accommoder. Quant à Roland, il se rend bien compte de l’anarchie administrative, et parle avec un violent mépris de ceux qui sont au timon ; à propos du renvoi de nous ne savons plus quel ministre, il écrit à Bosc (28 mai 1787, coll. Morrison) : « Qu’on termine donc, et qu’on donne de ta pelle au cul à tout ce monde immonde… » ; mais il ne voit pas au delà, et des changements d’hommes sont tout ce qu’il semble pressentir.

Il était à Lyon depuis le 5 décembre 1786. Il n’en revient que le 20 janvier, pour fêter avec sa femme l’anniversaire de leurs fiançailles, il en repart le 5 février, pour aller et venir (lettres inédites à Bosc, coll. Morrison), mais, le 24 février, il est de retour à Villefranche.

Du 4 au 25 avril, il emmène sa femme passer trois semaines à Lyon (ibid., et lettre de Madame Roland du 2 mai).

Ses deux frères, les bénédictins Jacques-Marie et Pierre, viennent le voir en mai. Il va avec l’un d’eux, Pierre, le curé de Longpont, faire une excur-