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qu’elle voit maintenant qui la caressent, et qui ne se soucie des absents en aucune façon.

Au reste, comme il y a, de cette trempe, bien des femmes qui n’en ont pas moins de vogue pour cela, j’espère bien que l’enfant n’en perdra pas vos bonnes grâces.

Adieu, bonne santé, bonne fortune. Ainsi soit-il !


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[À ROLAND, À LYON[1].]
Vendredi, avant midi, 18 août 1786, — [de Villefranche].

Je suis paresseuse à l’excès, je n’ai nulle envie de travailler et, puisqu’il faut que je m’amuse, je vais t’écrire. J’ai reçu hier nouvelle lettre de Lth. [Lanthenas] avec les ci-jointes ; il est toujours, engoué de son affaire et impatient d’avoir, ton avis. D’At. [d’Antic] prétend se justifier de l’étourderie que je lui reprochais, en disant qu’il a voulu parler de questions autres que ces notes dont il a les pareilles entre les mains, questions qu’il dit avoir lues. Je lui reproche bien de m’avoir fait perdre du temps à copier des inutilités, et, en conséquence de ses rodomontades, je le traite de petit garçon qui n’est ni assez adroit pour le persiflage, ni assez effronté pour le bon ton, qui n’a pas même assez de légèreté pour qu’une femme habile puisse, sans se compromettre, se charger de son éducation ; qu’il fera fort bien de se borner à ramasser des insectes, à disserter avec des savants sur les cornes du limaçon ou les ailes d’un scarabée ; qu’il ne ferait à nos femmes que de leur donner des vapeurs.

Je fais refaire des matelas. Je dis à Lanth[enas] que nos Caladois sont ébahis d’une méthode qui n’est pas la leur ; je lui parle des avantages de cette méthode sur celle de la carde ; j’ajoute que je suis étonnée que quelque délicat ne l’ait pas encore mise en vogue à la

  1. Ms. 6239, fol. 181-183.