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trer un remède avec du lait, pour engager à la sortie les vers que l’huile peut avoir tués.

Tous ces gens m’ont pris du temps ; Eudora crie le ventre, elle s’éveille d’un assez long somme qui avait suivi un petit redoublement, et la fièvre est moindre que ce matin.

Adieu, cher ami ; écris-moi, c’est mon restaurant. Je t’embrasse de tout mon cœur. J’ai écrit aux deux frères. Adieu, adieu. Ménage-toi et tout ira bien.


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[À ROLAND, À LYON[1].]
Lundi au soir, [10 avril 1786, — de Villefranche].

J’espère, mon ami, qu’il n’en sera pas de ton songe comme de ceux des tragédies ; mais le tien m’a serré le cœur au point d’arrêter mes larmes. L’inquiétude m’en a fait répandre aujourd’hui. Eudora a pris une médecine qu’elle n’a pas rendue ; elle a pris dans sa boisson du sel d’Epsom pour aider la médecine ; il n’a pas fait davantage. Après quatre ou cinq heures d’écoulées à beaucoup boire et ne rien rendre, j’ai donné un lavement ; il a été rendu comme il avait été pris et à seulement fait couler un peu d’urine. Depuis midi que cela s’est passé jusqu’à cinq heures et demie, la même histoire : beaucoup boire et ne rien rendre.

Je viens de donner un autre lavement ; il a été rendu comme l’autre et a fait un peu uriner. Cet état m’a tourmentée au delà de toute expression ; j’ai cru à la fièvre putride, à l’inflammation, et tu juges si l’imagination a fait le reste. Cependant la fièvre est moindre ; le ventre n’est pas tendu, la tête n’est pas si brûlante, la respiration est très libre et l’enfant ne paraît pas souffrir. Il dort beaucoup et, dans les temps de la veille, il cause comme en santé. Seulement il est plus capricieux encore, et crie parfois comme un diable. Je n’entends rien à

  1. Ms. 6239, fol. 150-151. — La date résulte de tout ce qui précède et suit.