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il y a toujours les plus excellents cœurs, on finit par s’arranger, tout en faisant chacun à sa mode et suivant ses principes.

Au bout du compte, patience et vigilance ; nous irons-bien et nous ferons nos affaires.

Ménage-toi bien, nourris-toi de cet aimable espoir, qui, joint à la tendre amitié, fait le vrai baume de vie ; je voudrais vous confire tous dans cette drogue.

Je me suis désolée du mauvais temps, à cause de vous, mes pauvres voyageurs, qui pataugez dans les boues de Lyon. Ayez bien soin de ne pas prendre chaud et froid alternativement. Que devient le rhume du docteur ? Nous buvons à vos santés, en tête-à-tête avec ma Chemère[1] ; est-ce que vous ne vous en sentez pas tout ragaillardis ?

Mille choses à vos dames ; écrivez-moi vite et long. Adieu, mes amis ; adieu, mon cher et tendre ami, mon soutien, mon bonheur, mon âme, tout.

Je t’embrasse affettuosissimamente.


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[À ROLAND, À LYON[2].]
Vendredi matin, 25 novembre 1785, — [de Villefranche].

Tu auras bien vu, mon ami, par la précédente, que je te l’avais expédiée avant de recevoir la tienne ; je craignais le retard du courrier, tel que je l’avais éprouvé le lundi, ta lettre de ce jour ne m’étant parvenue que le lendemain assez tard. Tu as la réponse sur Jeannin dont je t’avais parlé dès le dimanche, mais probablement tu n’avais pas remarqué mon apostille, qui d’ailleurs était incomplète. T’es-tu bien assuré de la manière de faire venir sans danger tes gravures encadrées ? C’est bien délicat ! Je m’occuperai incessamment du soin de les arran-

  1. Sic dans l’autographe. On ne peut lire Chimère, qui n’aurait d’ailleurs aucun sens. En outre, le mot est souligné ; il semble donc être une abréviation irrespectueuse de chère mère
  2. Ms. 6239, fol. 144, 145 et 145 bis.