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paraissait pas instruit. J’allai remercier M. de Mt [Montaran] et prendre congé ; il fut aussi question de moutons, et il désire autant que l’autre ton voyage et tes observations. Nous parlerons de cela ; mais, avant que je m’en allasse, il me chargea de le prévenir qu’on t’ôtaît un bon sujet, M. Villard, et qu’on t’enverrait un jeune homme dont tu ne serais peut-être pas fort content ; qu’on te priait de le prendre avec douceur, d’en faire ce que tu pourrais et définitivement d’en dire ta façon de penser ; que M. Villard était nommé inspecteur. Je parlai de la lettre un peu froide. « Ce n’est pas moi qui l’ai rédigée », me dit M. de Mt [Montaran] d’un ton qui ferait croire qu’il l’eût mieux faite. J’allai causer au bureau avec M. Rss. [Rousseau], parler de ce qui se projetait. C’est fini d’hier : les quatre inspecteurs ambulants sont nommés ; c’est Jubié, Brisson, Lowiouski[1] et je ne sais quel autre ; c’est à leur place qu’on fait passer des sous-inspecteurs : M. Vill[ard] va en Auvergne. Ton changement à Lyon vint me frapper ; je demande s’il est temps encore ; M. Rss. [Rousseau] cherche ; tout est arrangé ; je demande si les commissions sont expédiées ; non. Je retourne chez M. de Mt [Montaran] lui exposer les vœux et la facilité ; il trouve qu’il est contre leurs principes de t’envoyer et, en général, de faire un inspecteur dans son propre pays. Je raisonne : il me promet d’arrêter les commissions jusqu’à ce que j’aie vu les autres pour les déterminer à prendre leur résolution vendredi prochain de proposer ce changement au ministre. À l’instant, un secrétaire entre, M. de Fcad. [Fourcade][2] ; il apportait

  1. Jubié, inspecteur à Clermont ; Brisson, inspecteur à Lyon ; Lowiouski [lire de Lazowski], inspecteur à Soisson.

    Madame Roland était bien renseignée : les quatre inspecteurs ambulants qu’on nomma furent Jubié, Brisson, de Lazowski, et Bruyard (précédemment inspecteur de la généralité de Paris). — Alm royal de 1785, p. 273.

    Voir ce que dit à ce sujet Madame Roland dans ses Mémoires (I, 158-163, et II, 253-254). Mais elle se trompe là en confondant Lazowski, l’inspecteur des manufactures, avec son frère, le démagogue de 1792. C’est une erreur qui a cours ; un homme qui a connu les deux frères, M. de Lacretelle (Dix ans d’épreuves pendant la Révolution, 1841, in-8o, p. 67), l’a cependant rectifiée.

    Cf. au tome II du Dictionnaire des manufactures (p. 73), une charge à fond de Roland contre les Inspecteurs ambulants.

  2. Un des secrétaires de Montaran. — Voir plus loin, lettre du 21 mai 1784.