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ma lettre à Mesmer et en faire une pour Reims d’où l’on m’a répondu, mais on m’a demandé des inscriptions de trois ans : je n’en ai que de deux ans et demi[1]. Mon père me demandait tout de suite, mais son ami m’a fait passer les six cents livres. Je suivrai poir passer docteur. Je vous irai voir en y travaillant, mais je ne crois pas devoir porter aucun autre retardement à revoir ma famille, qui paraît me désirer. J’avoue que j’espère malgré tout avoir beaucoup de plaisir à revoir mon pays et que j’en ai une envie assez forte. Notre amitié m’y suivra, et là, comme ailleurs, elle animera tous les goûts que vous me connaissez, que j’y cultiverai autant que je le pourrai et dont je désirerais que vous partageassiez les jouissances.

Je vous embrasse, mon ami.

Je ne te dirai qu’un mot[2] ami, car je suis tenue par la tête[3], mais je suis en peine de ton inquiétude ; ma santé est bonne autant qu’elle peut l’être avec l’extrême impatience d’aller te rejoindre. Je pense que l’ami t’exprime tout ce dont je l’avais chargé, et je ne me donne pas le temps de lire sa causerie, l’heure me serrant de très près. Tu vois que sur notre affaire il n’y a rien qui doive tant nous étonner ; c’est très difficile en soi, sans être totalement désespéré ; je ferai ce premier jour les courses et visites dont je t’ai parlé ; je ferai mes adieux à Mme d’Arb[ouville] et je prendrai mes arrangements pour m’en aller. Le frère irait à Reims ; ainsi, dans la supposition d’Ermenonville, je crois qu’il vaudrait autant que la bonne vînt avec moi ; mais je ne suis nullement décidée ; cela tiendra aux circonstances. Adieu, je me sens aise, parce que j’espère t’embrasser bientôt, et je me moque du reste, qui définitivement ne fait pas grand’ chose au bonheur. Addio, ancora addio ; ti bacio tenerissimamente.

  1. Il semblerait par là que les inscriptions de médecine de Lanthenas n’avaient commencé qu’en novembre 1781.
  2. ici Madame Roland prend la plume, sur le verso de la lettre de Lanthenas.
  3. Elle écrit pendant qu’on la coiffe.