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tends Cottr. [Cottereau] et je pars pour Versailles, où je m accrocherai à mon petit M. de Ville, par lui à M. de Saint-Romain[1] ; si la fantaisie m’en prend, je vais trouver M. Hennin[2], et nous verrons. Au fond, je n’ose espérer davantage et je tiendrai toujours mon voyage pour utile, puisqu’il a été l’occasion d’un témoignage solennel de tes travaux et de ton mérite de la part de gens qui dénigraient l’un et l’autre. C’est un grand changement de note et nous n’avons plus maintenant qu’à les tenir sur celle-là, pour en tirer parti dans l’occasion.

Je pousserai le reste jusqu’au bout, et nous verrons si M. de Vg. [Vergennes] fera encore une gambade pour nous échapper.

J’ai fini la journée par aller voir la Caravane[3], qu’on donnait pour la dernière fois et dont je ne connaissais que la parodie ; c’est joli, mais bien petit à côté des Danaïdes[4].

  1. Alm. royal de 1784, p. 245 : « Chefs et premiers commis des bureaux des ministres,… M. de Vergennes : M. Pétigny de Saint-Romain,… les lettres patentes d’anoblissement ou de confirmation de noblesse… » — M. de Saint-Romain avait profité pour son compte du service auquel il était préposé (voir Appendice J). — On trouve, d’autre part, au ms. 6243, fol. 12, un des Précis que Madame Roland distribuait dans les bureaux, de son écriture, avec la mention marginale : M. de Saint-R.
  2. Alm. royal de 1784, p. 245 : « M. Hennin, secrétaire du Conseil d’État, un des deux chefs de la Correspondance politique du départements de M. de Vergennes ». — Roland avait eu quelques relations avec lui (Voir, ms. 9532, fol. 147, une lettre du 6 octobre 1781, où il le remercie d’avoir levé les derniers obstacles qui s’opposaient à la publication des Lettres d’Italie.) — Henin devait entrer, l’année suivante (Mém. secrets, 11 février 1785), à l’Académie des Inscriptions ; il est bien connu comme un des commis les plus importants des Affaires étrangères sous Louis XV et Louis XVI, en même temps que comme savant et collectionneur. (Voir Biogr. Rabbe, et Masson, p. 27 et suiv.)
  3. La caravane du Caire, opéra en trois actes, de Grétry. — Voir Mém. secrets, 16 et 25 janvier 1784.
  4. Les Danaïdes, opéra en cinq actes, de Salieri. « Après avoir été joué plusieurs fois avec succès à la cour, où la Reine y chanta chaque fois » (Biogr. Rabbe), il fut représenté pour la première fois à Paris le 26 avril 1784 (Corresp. litt).

    Madame Roland, le 25 avril, n’en parlait donc encore que par ouï-dire. On verra plus loin qu’elle le croyait de Gluck. On avait, en effet, annoncé tout d’abord que Gluck y avait mis la main (voir Mém. secrets, 8, 25 et 26 avril 1784). Ce n’est que trois semaine après (ibid, 16 mai) que les journaux publièrent une lettre de Gluck, alors à Vienne, déclarant que l’œuvre était entièrement de Salieri.