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tenant à avoir les idées assises sur la découverte dont il s’agit, et qu’alors, si elle n’était pas publique, ce qu’il ne pense pas, il serait temps d’agir.

M. Le Roy a fini son cours d’électricité. J’y ai vu une machine que je ne connaissais pas, faite simplement avec deux cylindres de bois et un taffetas gommé qui circule dessus en passant après entre un coussinet de même étendue que sa largeur, fait simplement en peau garnie de poil. Cette machine fait un effet considérable, plus grand qu’aucune, et on conçoit qu’on peut l’augmenter aisément, puisqu’il n’y a rien de si aisé que d’augmenter les dimensions de cette machine, où il n’entre rien qui s’y oppose comme dans celle de verre.

M. Le Roy est de l’opinion que Mesmer n’a point la théorie et la pratique dont il se vante. Il me paraît cependant qu’on cherche à prévenir les idées de cet homme par des spéculations auxquelles il me semble que jusqu’à présent on s’était peu arrêté : je veux dire l’influence des atmosphères des corps les uns sur les autres.

Je vous embrasse, mon cher, corde et animo.

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[À ROLAND, À AMIENS[1].]
Vendredi au soir, [16 avril] 1784. — [de Paris].

Le bon Flesselles est revenu de Versailles où il n’a pu faire de nouvelles découvertes pour nous ; j’ai été avec lui ce matin chez M. Faucon, à qui j’ai parlé de son intrigant et qui doit, par un de ses amis, me donner des nouvelles du rapport de l’Intendant de Lyon[2], dont je voudrais joindre une copie à mes mémoires. Il me donnera aussi une lettre du maréchal de Mch.[3] à M. Tolz. [Tolozan] qu’il connaît ; je

  1. Ms. 6239, fol. 44-45.
  2. Sans doute, le rapport que l’Intendant de Lyon, Jacques de Flesselles, dont Madame Roland a déjà parlé plusieurs fois, ou plutôt son subdélégué, M. Micollier, avait envoyé à M. de Vergennes (10 janvier 1784) sur les titres de la famille Roland. — On sait que M. de Flesselles fut le dernier prévôt des marchands de Paris et périt le 14 juillet 1789.
  3. De Mouchy. — Philippe de Noailles, duc de Mouchy, maréchal de France en 1775 ; né en 1715, guillotiné le 27 juin 1794. Il était père du prince de Poix, dont il a été question plus haut. Toute cette fammille de Noailles était en relations industrielles avec le manufacturier Flesselles.