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voir Mme Le Riche ce matin. Je ferai de mon mieux, j’y mettrai plus de sensibilité que d’autre chose, parce que c’est de cela que j’ai davantage ; mais je sens que si elle résiste à la peinture de son mari affligé, c’est une femme jugée et perdue dans mon esprit. Je me rappelle une chose à son sujet que l’amie me contait hier, et qui me donne des craintes.

M. Tolozan a accusé la réception de ta lettre d’observations il y quelques jours, en voici une autre qui m’arrive et que je te fais passer pour le plus court. Je n’aurai pas de repos que je n’aie fait tout ce que je puis près de la petite femme ; je suis affectée plus que je ne saurais dire ; je crois agir pour toi en plaidant la cause d’un mari fait pour qu’on lui sacrifie toute une famille et mille autres choses, s’il était nécessaire.

Adieu ; aux amis, tout ce que tu sais ; le frère n’aura de réponse aujourd’hui que du cœur. Ce pauvre M. de Châlons, je lui dois une réponse, je me reproche de la lui devoir si longtemps.


97

[À ROLAND, À PARIS[1].]
[31 août 1783], 9 heures au soir, — [d’Amiens].

J’ai couru ce matin chex Mme Le Rch. [Riche] ; elle part demain, voilà le résultat. Restent les petits détails, entre nous, dont je vais causer. J’ai trouvé cette jolie petite femme entre les mains de son coiffeur ; j’étais parvenue jusqu’à elle sans demander ni rencontrer personne ; elle m’a beaucoup accueillie, m’a demandé de tes nouvelles, a

  1. Ms. 6238, fol.257-258. — En rapprochant ces deux lettres, on s’aperçoit tout de suite que celle-ci doit venir après la précédente. Or, comme il y est dit, dans un coin de la lettre, au haut, à droite : « J’ai appris que ce n’est aujourd’hui que le 31 août » — et que son post-scriptum est du 1er septembre, — les dates des deux lettres paraissent donc bien déterminées ; c’est le matin du 31 août que Madame Roland écrit le n° 96, et le soir qu’elle commence le n° 97.