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lequel des deux est à choisir, et vous en prendrez deux exemplaires, parce que nous en désirons un aussi. Ces plantes médicinale sont nos compagnes futures et doivent être de votre connaissance ; mon Eudora transplantée deviendra leur commensale.

Je vous écris sur un chien de papier qui m’impatiente ; ma petite fille me tire par la manche, et vous jugerez de l’effet.

Mon pauvre ami ne peut plus dormir ; les nuits se passent à chercher le sommeil, et il se lève plus fatigué qu’il ne s’est couché ; nous sortons cependant tous les jours.

Demandez par grâce au seigneur Père une petite recette pour dormir au moins quelques heures dans les vingt-quatre. Je voudrais aussi savoir s’il doit absolument s’interdire les groseilles et les fraises[1].

Il fait un temps charmant ; je tousse depuis plusieurs jours d’une petite toux qui ferait croire que c’est par air ; mais je me promène, et si mon ami n’était pas si maigre, nous serions contents. Quand est-ce qu’on vous verra ? Oui, vous-même, à qui j’avais parlé durant des années comme au travers d’un voile. Portez-vous bien ; dites-nous un petit mot : un seul mot d’amitié ravive. Adieu, nous vous embrassons avec toute la bonhomie de notre petit ménage.


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[À BOSC, À PARIS[2]]
5 mai 1783, — [d’Amiens].

Nous avons hier reçu avec grand plaisir votre dernière lettre ; c’est une douce chose que ce dédommagement de l’absence des amis.

Vous avez retrouvé votre liberté du soir ; est-ce au moins d’occupations que vous en êtes redevable, ou bien à l’amitié d’un de vos camarades ? Cette cause-ci serait plus agréable encore et plus constante.

Grâce à vos renseignements, nous savons à quoi nous en tenir sur la tra-

  1. Cet trois lignes sont bâtonnées dans l’original, évidemment par la main de Bosc.
  2. Bosc, IV. 56 ; Dauban, II, 494.