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duit essentiellement à une lassitude habituelle, seulement plus ou moins grande.

Depuis quinze jours, je prends les eaux de Spa, à mes repas seulement ; elles me donnent pour le moment une chaleur dans l’estomac qui fait plaisir, et je leur attribue le bien de celui-ci, quand il fait complètement ses fonctions, ce qui pourtant n’est pas constant, comme je l’ai observé.

Je pense, je crois, que la belle saison et l’exercice qu’elle favorisera rétabliront tout, et je crains terriblement la nouvelle fatigue des purgations. Voilà très au juste mon état et ma confession, sincère, entière, etc., bien conditionnée enfin.

Adieu, portez-vous mieux que nous, mais aimez-nous comme nous vous aimons. Mille choses amicales à Achate, auquel j’écrirai aussi.

Puisse la lettre de Messine arriver à bon port ! Je m’attends bien que vous nous répondrez : « Patience » aussi pour moi. C’est fort bon à une femme lasse, fatiguée. Mais à un aussi qui a des douleurs décidées et vives ?… Je vois qu’il en faut une terrible dose. Il ne vous dit point que ce vilain petit clou l’a retenu quinze jours dans la chambre, sans sommeil, appétit. Il faut finir, adieu donc, sans recommencer pour cette fois[1].


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[À BOSC, À PARIS[2].]
5 avril 1783, — [d’Amiens].

C’est un bonsoir que je vous envoie aujourd’hui. Il est huit heures et demie ; le moment du souper d’une provinciale ne peut être bien éloigné, mais je sais toujours où prendre celui de vous entretenir. Ne croyez pourtant pas que j’aille vous assommer d’une éternelle causerie ; vous n’avez point de temps à perdre, et je ne veux pas dépenser le mien d’une manière onéreuse pour personne,

  1. Bosc a écrit, pour son père, au bas de la lettre :

    « Je vous serais obligé, si vous trouvez un moment pour répondre à cette consultation d’Amiens. »

  2. Bosc, IV, 51 ; Dauban, II, 489.