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[À BOSC, À PARIS[1].]
23 août 1782, — d’Amiens.

j’ai, notre ami[2], reçu une lettre de M. Gosse[3], qui, je crois, vous sera intéressante à lire. Je vous l’envoie[4]. Vous y verrez la manière dont les géné-

  1. Bosc, iv, 49 ; Dauban, 487.
  2. Voici la première lettre de Madame Roland à Bosc que nous ayons. — Il y a, au ms. 6240, fol. 97, une lettre un peu antérieure de Roland à Bosc, 20 mai 1782.
  3. Henri-Albert Gosse, né à Genève le 28 mai 1753, d’une famille de protestants français émigrés. D’abord employé dans la librairie de son père et de son oncle, il alla continuer ses études à Paris, et c’est là qu’il dut nouer avec Roland, puis avec sa femme, une amitié qu’atteste toute la Correspondance. Son savoir et ses recherches lui obtinrent de bonne heure de flatteuses distinctions : en 1781, au Collège de pharmacie de Paris, la médaille d’or fondée par le lieutenant de police Lenoir (Biogr. Michaud) ; en 1783 (Mém. secrets. 30 avril), un prix de l’Académie des Sciences, sur un sujet proposé par elle (« Moyens de préserver les ouvriers doreurs des maladies de leur profession » ) ; en 1785 (Mém. secrets, 11 novembre), un autres prix de la même Compagnie (« Nature et causes des maladies des ouvriers employés dans la fabrique des chapeaux, et moyens de les prévenir de ces maladies »). Il fut nommé correspondant de l’Académie des sciences le 29 août 1789, puis à la création de l’Institut en 1795, placé dans la section de physique générale comme correspondant. Après avoir eu à Genève, sous le Directoire et le Consulat, un rôle politique assez important, il y mourut le 1{{er]] février 1816.

    On voit, par la présente lettre, qu’en août 1783 il était rentré de Paris à Genève, et appartenait au parti des patriotes, qui succomba sous l’intervention des troupes française, sardes et bernoises. On voit aussi combien était déjà étroite sa liaison avec les Roland. — Trois ans après, il ira les voir à Villefranche (voir la lettre du 11 avril 1786 et les suivantes). Roland le cite avec reconnaissance parmi ceux qui lui ont fourni des renseignements pour ses travaux : « M. Gosse, de Genève, le bon et savant Henri-Albert Gosse… » (Dict. des Manuf., t. III, Disc. prélim., p. cxv). Il fut un des amis particuliers auxquels Madame Roland écrivit pour annoncer l’entrée de son mari au ministère (lettre du 27 mars 1792). En octobre 1793, Madame Roland, prisonnière, écrit dans ses Mémoires (II. 251) : « L’honnête et savant Gosse de Génève gémit sûrement de la persécution que nous essuyons… » — Une tradition, recueillie par la Biographie Michaud (l’article est de M. A. Moquin-Tandon, allié à la famille de Gosse), et que nous a confirmée le petit-fils de Gosse, veut qu’il ait fait en 1793 le voyage de Paris pour tâcher de sauver Madame Roland. Cf. Pap. Rol., ms. 9533, fol. 146-147.

  4. À peine Madame Roland avait-elle en-