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quelques-unes de nos grimaudes à qui c’est la faute apparemment s’il n’est pas bien avec elles, je le trouve honnête et joli garçon ; propos décents et de bon sens, ton de bonne compagnie ; il est bien. Il m’a parlé de toi et témoigné beaucoup de désir de te rencontrer dans ta tournée ; il partait pour Boulogne et Calais : ce n’était pas le chemin.

M. Cucu[1] part mardi pour le Plessier, il venait voir si tu serais de la partie ; je t’ai dit en tournée ; il espère que tu y passeras ; et, dans le vrai, tu pourrais faire là une pause. Dans tous les cas, tu te souviens qu’il y a une voiture qui part tous les mardis de Montdidier pour ici.

En continuant ma lettre, ce samedi matin 17, j’en reçois une, par les bureaux de M. de Monteran, du banneret Osterwald[2], qu’il t’adresse à l’hôtel de Lyon, mais sous couvert. Il accuse la réception du paquet ou étaient : tes notes manuscrites sur tes Arts, ton mémoire sur les moutons, une lettre du 7 décembre 1780 (chose que je ne comprends pas) et les brochures à la Holker[3]. À l’égard du Tourbier, il sera

  1. Voir, à l’Inventaire de la Somme, C. 245, d’abondant détails sur un M. Cucu, fabricant à Amiens, qui, en 1764 et 1765, avait pris une part active à une sorte d’émeute industrielle. — Nous trouvons d’autre part (Inventaire d’Amiens, AA, 30, fol. 178, ann. 1785, et Inventaire de la Somme, C. 669, ann. 1781-1789) un « M. Cucu, préposé au recouvrement de la taxe de l’illumination ». Peut-être est-ce le même personnage. En tout cas, il semble bien que ce soit du fabricant que parle ici Madame Roland, puisqu’elle annonce son départ pour Le Plessier. Le Plessier-Rozainvillers est un gros village de Picardie, où MM. Senart avaient fondé en 1745 une très importante fabrique de bas (voir Dict. des Manufactures, I, 16-17, 40° ; — cf. un article de l’Alm. de Picardie de 1782, p. 62-63, article qui est de Roland lui-même).
  2. Le banneret Osterwald. — Sur cet imprimeur de Neufchâtel, voir les Mémoires e" Brissot, éd. Montrol, t. II, p. 139. Son gende, Bertrand (de Toulouse), avait entrepris une nouvelle édition des Arts et manufactures de l’Académie des sciences. — C’était en quelque sorte une contrefaçon, avec le consentement des auteurs. Voir ms. 6243, fol. 126, lettre de Roland à M. Morand, du 20 février 1782, où il rend compte de sa correspondance avec Osterwald. Celui-ci y parle « des tomes XVI, XVII, XVIII de notre collection in-4o ». Il parle aussi de « l’horrible persécution » que M. Moutard, libraire de l’Académie des Sciences, invoquant les droits de cette compagnie, faisait essuyer à l’édition de Neufchâtel.

    Vour aussi ms. 6241, fol. 130, lettre de Roland, du 6 septembre 1781, au banneret Osterwald, où il prie celui-ci de l’appuyer pour l’Académie de Berlin.

  3. Cette brochure contre Holker avait pour titre : Lettres imprimées à Rouen, en octobre 1781 (elle se composait de six