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[À ROLAND, À PARIS[1].]
Jeudi matin [8 août 1782, — d’Amiens.]

Je reçois, mon bon ami, par le soin de M. d’Antic[2], des nouvelles de ton arrivée[3], et, quoique mon intention ait été d’abord de lui témoigner seulement combien j’y étais sensible, j’ai cru cependant pouvoir par la même voie te faire passer la présente qui m’arrive de Villefranche où tu dois écrire. Elle était accompagnée d’une missive pour Despréaux, de l’avocat Dessertines[4], qui disserte de la chronologie grecque en ex-jésuite. (Ne va pas dire cela au chanoine de ma part, car il est question du Déluge et de Moïse, etc., choses et gens avec lesquels je ne veux pas me brouiller aux yeux de bien d’autres.)

Je t’attendrai pour expédier cette lettre où l’on demande des conseils à l’historien dieppois, ou je te la ferai passer, comme tu voudras ; je ne comptais pas t’écrire aujourd’hui, mais j’attendais la tienne pour y répondre. J’ai passé hier tout mon temps à raisonner une demoiselle[5]

  1. Ms. 6238, fol. 223-224. — Cette date est déterminée par celle de la lettre du chanoine Dominique que nous donnons ci-dessous en note, datée de Villefranche, « dernier de juillet ». Or les lettres mettaient au moins trois jours pour aller de Villefranche à Paris, et un jour pour aller de Paris à Amiens. Madame Roland a donc dû recevoir cette lettre du chanoine après le dimanche 4 août, et, comme elle date du jeudi, cela tombe au 8.
  2. Louis Bosc, ke jeune ami des Roland, s’appelait Bosc d’Antic, et, dans l’usage de l’époque, d’Antic. À partir de la Révolution, il ne porta plus que le nom de Bosc, sous lequel nous le désignerons toujours dans nos notes, pour éviter toute confusion.

    C’est la première fois qu’il apparaîr dans cette correspondance, où il va tenir une si grande place. — Voir sur lui Appendice K.

  3. On voit que Roland venait d’arriver à Paris. La lettre suivante nous montrera qu’il y demeura environ quinze jours.
  4. Jacques-André Chatelain Dessertines, avocat du Roi à la sénéchaussée de Villefranche. — Voir Appendice M.
  5. Sophie Cannet, qui se décida, à l’automne de 1782, à épouser Pierre Dragon de Gomiecourt, seigneur d’Étouvy, près d’Amiens, capitaine aux grenadiers de