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et croyant gagner beaucoup s’il nous obtenait ; sachant cependant que tu n’as pas besoin d’écouter nos professeurs pour apprendre, mais se flattant que tu m’y amènerais pour nous amuser, et comptant sur mon exemple pour entraîner des femmes, etc… J’ai rétorqué tous ces arguments avec une politesse qu’il aura trouvée froide et dont son zèle n’aura pas été édifié ; il y met véritablement celui de la science. Je croîs, entre nous, que L’Apt. [L’Apostole] y met un peu celui de l’argent. Cependant il se borne à deux louis.

Le bon M. de B[ray] est venu plus tard que l’abbé (qu’il me paraît voir assez souvent). Autre matière sur le tapis. On débite que dame Gigogne ne fait que précéder son mari, qui doit aussi décamper. J’ai vu au matin M. Fss. [Flesselles], fort étonné que le jardinier qu’il devait me procurer ne se fût pas encore présenté, m’assurant que je l’aurais incessamment ; je ne l’ai point encore vu.

Je ne fais que de recevoir le ballot de Dieppe, annoncé pour le 1er du mois. Comme tu n’as peut-être pas autre chose de pressé à mander dans ce pays, j’en écrirai demain la réception.

Tu m’annonçais vendredi que peut-être tu m’écrirais avant que je reçusse la lettre de ce jour-là ; ce « peut-être » doit suffire pour me préserver d’inquiétude de n’en avoir pas eu d’autre. Cependant… tu m’entends. Mais n’es-tu pas content de moi ? Je me raisonne de mon mieux pour me tenir en paix. Je cherché à m’occuper et à causer d’autres choses que de celles qui me reviennent comme de mauvaises pensées. Néanmoins je t’adresserai cette épître directement, et je l’aurais expédiée aujourd’hui s’il m’avait été possible. M. Fless[elles] m’a conté de petites histoires dont nous causerons sur le compte de M. Dup. [Duperron] ; elles ne font que prouver l’étourderie et le peu de tact que tu lui connais déjà. Adieu, mon cher et bon ami ; songe que mon bonheur et ma vie ne sont attachés qu’à toi.