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et où l’ami Devs [Devins] l’a vue ; elle en est sortie pour y être devenue trop puissante et elle a été déposer son paquet à la capitale. C’est d’ailleurs un bon sujet, et les circonstances de l’aventure donnent à croire que ce n’est point affaire de libertinage ; elle a conservé un air de décence qui plaît et qui la fait supposer honnête.

On a passé hier sous la porte un avertissement de payer les vingtièmes ; je pense que c’est l’affaire des propriétaires ; cependant je n’en suis pas assurée, et je doute si je dois envoyer cet imprimé à Mme Coquerel. Je le demanderai à M. d’Eu au premier moment.

On t’a envoyé de l’Intendance l’arrêt du Conseil pour le droit de marque[1], avec une lettre que je te fais passer et où le mot subdéléguation m’a fait rire, en me retraçant l’exactitude littérale des copistes.

J’ai vu aujourd’hui M. Duperron, pour lequel je n’avais pas été visible plusieurs fois de suite, et que j’ai reçu pour éviter l’affectation de le renvoyer toujours.

Adieu pour ce soir, cher et bon ami ; je t’embrasse de tout mon cœur.


Lundi, à onze heures.

Le facteur m’apporte un paquet qui vient du bureau de M. de Montaran ; il contient plusieurs exemplaires de l’arrêt ci-dessus mentionné et une lettre d’envoi renfermant l’invitation à le faire connaître dans ton département. Je crois inutile de te les envoyer, puisque c’est ici qu’ils doivent être employés ; tu me diras ce qu’il en faut faire, si je puis en faire quelque chose.

Je suis extrêmement en peine de n’avoir point de tes nouvelles ; j’en éprouve un serrement, un malaise que je ne puis t’exprimer ; hâte-toi de me tranquilliser pour notre bien commun.

Adieu, mon ami.

  1. Probablement l’arrêt du Conseil du Roi du 22 décembre 1781, ordonnant « la perception d’un sou pour chaque empreinte, marque ou plomb, qui sera appliquée sur les coupons d’étoffes ou de toiles qui seront présentés dans les bureaux de visite à ce préposés » et dont la Chambre de commerce d’Amiens accusa réception à l’Intendance la 31 janvier 1782 (Invent. de la Somme, C. 361).