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Appendice S.


MENTELLE.

§ 1er

Nous avons établi[1] que le géographe Mentelle est l’ami de la dernière heure qui, sous le nom de Jany, assista Madame Roland en septembre et octobre 1793. Une biographie sommaire de Mentelle, considéré particulièrement dans ses rapports avec Brissot et les Roland, va compléter et vérifier cette démonstration.

Edme Mentelle, né à Paris le 11 octobre 1730[2], s’essaya d’abord dans la littérature, puis se tourna vers la géographie et l’histoire : ses Éléments de géographie sont de 1758. En 1760, il fut nommé « professeur de géographie et d’histoire » à l’École militaire. Mais il restait lié avec les littérateurs et les philosophes, et un pamphlet de lui contre les jésuites : Le portefeuille du R. P. Gillet, 1767[3], montre qu’il prit part à une des grandes batailles du temps. Il ne dédaignait d’ailleurs ni les modestes honneurs des Académies de province, ni les petites corrections de nom par lesquelles on se poussait dans le monde. L’Almanach de Normandie de 1768 nomme, parmi les associés-adjoints de l’Académie de Rouen, « M. de Mentelle, inspecteur de l’École royale militaire, à Paris ».

Quelques années après, nous le rencontrons avec le titre de « historiographe de M. le comte d’Artois »[4]. Il demeurait alors « rue de Seine, hôtel de Mayenne », et y resta jusqu’à ce que Roland, en 1792, lui eût donné un logement au Louvre. Il était aussi censeur royal[5].

Il avait épousé la fille d’un de ses collègues de l’École militaire, Mlle  Vincent, élève du musicien Clementi et elle-même artiste consommée.

Il connaissait déjà les Roland vers cette époque, soit par des rapports communs avec l’Académie de Rouen où Roland fut admis en 1780 comme associé à adjoint, soit par quelque rencontre chez Panckoucke, pour lequel ils travaillaient l’un et l’autre[6], soit tout simplement par les nombreuses relations littéraires dont nous allons parler. Roland, rendant compte à sa femme de ses courses dans Paris, lui racontait être allé au soir à une des assemblées littéraires de La Blancherie (son ancien amoureux) et ajoutait : « J’y ai trouvé M. et Mme  Mentel ; excessifs compliments ; de tes nouvelles ; invitations, etc… » (lettre du

  1. Révolution française de janvier et mars 1896.
  2. Voir sur lui : Notice sur la vie et les ouvrages de Mentelle, par Mme  la princesse Constance de Salm, Paris, 1839, in-8o ; — Biographie Rabbe ; — Quérard, France littéraire ; — Biographie universelle (l’article est de Depping).
  3. Quérard, France litt.
  4. Almanach royal de 1778, p. 139.
  5. Ibid, p. 498. — Mais il ne figure déjà plus sur la liste en 1780.
  6. Mentelle allait donner à l’Encyclopédi méthodique, que dirigeait Panckoucke, son Dictionnaire de géographie ancienne (1783-1784, 3 vol. in-4o)