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période pendant laquelle ils continuèrent de siéger ensemble au Conseil des Cinq-Cents, jusqu’à ce que le sort les en eut éliminés (20 mai 1797). Les autres sont de la période suivante. Lanthenas étant resté à Paris dans un mince emploi et allant, quand il le pouvait, refaire à la campagne, près de Gisors, sa santé délabrée. Bancal étant retourné en Auvergne, puis voyageant en Italie (septembre-décembre 1797), à Genève (juin 1798), et revenant de temps à autre passer quelques jours à Paris. C’est dans un de ces moments que Lanthenas lui écrivait (10 mars 1798) : « Les Amis des noirs se réunissent aujourd’hui chez moi à 11 heures. Veux-tu t’y rendre ? Ils auront plaisir à te voir… » Le souffle généreux de 1788 animait toujours ces anciens amis de Brissot.

Bancal avait cependant changé sur un point essentiel : dans la solitude de sa prison d’Olmutz, il avait « prié Dieu », il avait relu l’Évangile, et, combinant sans effort ce retour à la foi avec sa fidélité aux idées de Rousseau, il avait composé un livre étrange, qui parut en vendémiaire an v (septembre-octobre 1796) : Du nouvel ordre social fondé sur la religion, Paris, Baudoin, 335 p. in-8o. Ce livre a été remarquablement analysé, autant que peut le permettre le décousu du plan, et des idées, par M. Francisque Mège (p. 140-148). Nous n’essayerons pas de le faire à notre tour ; ce serait d’ailleurs sortir de notre cadre. Disons seulement que Bancal, dans son mysticisme religieux, reste ardemment républicain. Ce qu’il veut, c’est que son catholicisme, d’ailleurs fortement imprégné de Rousseau, mène à la République et en soit la base.

Une page de son livre dut cependant lui coûter à écrire : c’est celle où il établit « que les femmes ne doivent jamais se mêler des affaires publiques »

Avec Bosc, les relations restèrent également affectueuses et confiantes. Nous avons, au ms. 9533, fol. 142-143, une lettre écrite par Bancal, le 9 mars 1797, à Bosc ; alors à Charleston, et la réponse de Bosc, du 7 mars 1798, se trouve dans la collection Beljame. Elle a été publiée par M. Auguste Rey (p. 54). Bosc s’y montre quelque peu surpris du nouveau tour qu’on pris les idées de son ami : « J’ai lu ton livre et j’y ai reconnut ton ardent amour pour la République, mais non les principes que nous discutions jadis dans nos promenades philosophiques des dimanches… » Il y a aussi, dans la même collection, trois lettres de Bosc à Bancal, de 1801 à 1803.

Au mois de janvier de cette année-là, Bancal épousa à près de cinquante trois ans, Mlle  Girard, fille d’un notaire d’[illisible], près Clermont. Il en eut six enfants.

Il consacra le reste de sa vie à sa famille, à son domaine de Bonneval, à l’étude et à la prière. Il mourut au cours d’un voyage à Paris, le 27 mai 1826. « dans un hôtel de la rue des Maçons-Sorbonne où il avait l’habitude de descendre » (Mège, p. 270), à deux pas du dernier logis de Madame Roland.

L’aînée de ses enfants, Henriette Bancal, mariée en 1822 à M. de Diane du Pouget communiqua les papiers de son père au libraire Renduel, qui en tira, en 1835, le Lettres de Madame Roland à Bancal des Issarts, avec une très belle Introduction de Sainte-Beuve. Ce sont les autographes de ces lettres que Renduel vendit à M. Faugère en 1867 et qui sont entrés en 1899, par le legs de Madame Faugère, à la Bibliothèque nationale.

Une note de M. Mège (p. 167) nous apprend que le reste des papiers de Bancal a figuré à la vente qui eut lieu après la mort de Renduel, le 18 décembre 1875, et a été dispersé