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où ne devaient pas tarder à prévaloir les influences exclusivement constitutionnelles, ce qui l’amena à s’en retirer bientôt[1].


§ 3. Son rôle à Clermont.

En cherchant tour à tour son point d’appui à Clermont et à Paris, Bancal risquait de voir le terrain lui manquer. Il s’en aperçut bien lors de son retour à Clermont en février 1790. Alors que ses deux collègues de mission, Monestier et Dijon, venaient d’être, lors de l’application de la loi du 14 décembre 1789, nommés officiers municipaux, quoique absents, on ne l’inscrivit même pas comme électeur primaire ! On feignit de le considérer comme domicilié à Paris. Il dut réclamer son inscription avec insistance et, après avoir fini par l’obtenir (Mège, p. 20 et 176), il sentit que c’était à Clermont même qu’il fallait se faire chef de parti. Le 17 mars 1790, il organisait à Clermont une Société des Amis de la Constitution. La première assemblée, comptant 34 membres, — dont Couthon, — se tint chez lui ; il en fut élu président : dès le lendemain, il faisait demander l’affiliation à la Société de Paris : il obtenait, pour les séances, le couvent des Jacobins. — toujours comme à Paris, — et on s’y installait le 9 avril (Mège, p. 18 et suiv., 175 et suiv.). Il se maintenait d’ailleurs en communication permanente avec Paris ; Lanthenas lui écrivait presque toutes les semaines (ms. 9534, passim), faisait ses commissions auprès de Brissot, auprès de Pétion, s’occupait de faire insérer ses articles au Patriote, tantôt dans le journal même, tantôt en Supplément (aux frais de l’auteur)[2] ; Bosc écrivait de son côté (ms. 9533, fol. 120, lettre du 1er avril) ou bien, en transmettant les lettres de Lanthenas, y ajoutait de longs post-scriptum. Ce n’est pas sans émotion qu’on manie ces autographes, au bas desquels Bancal, plus d’une fois, d’une écriture fiévreuse et confuse comme sa pensée, jette les sommaires de ses réponses.

À ce moment-là, son esprit mobile, se détournant de Clermont, où il ne prenait pas autant d’ascendant qu’il l’eût voulu, était occupé de deux idées : voyager dans le centre et le midi de la France, en apôtre de la liberté, pour y établir des affiliations, et en même temps y découvrir quelque bien d’église d’un achat avantageux pour la « Société agricole d’amis » dont nous avons déjà parlé à propos de Bosc, de Lanthenas et de Brissot. Dès le mois de mars, en vue de son apostolat, il s’était fait recommander par Bosc à Faujas de Saint-Fond, alors à Montélimar (ms. 9533, fol. 118). Un mois après, voulant aller au Puy, il se fait envoyer par Lanthenas une lettre de recommandation (ms. 9534, fol. 224) pour son cousin, M. de (Chazos, conseiller au Présidial du Puy, et pour M. de Pouzol, alors maire de la ville. Lanthenas lui envoie aussi « des lettres pour Lyon », c’est-à-dire pour les Roland (ms. 9534, fol. 225). C’est quatre jours après, le 28 avril (Ibid. fol. 226), que Lanthenas l’entretient pour la première fois de son projet d’association agricole ; « J’ai proposé à

  1. Nous avons traité ce sujet dans la Révolution française de septembre 1900, « Quelques notes sur le Club de 1789 »
  2. Une pièce de la collection Picot nous donne le tarif : 18tt par colonne d’impression. Le Journal de Paris prenait 36tt (Becq de Fouiquières, œuvres en proses d’André Chénier p xxxvii).