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de Beaune, des marchands de vin de ce pays, qui t’envoient leur tarif, et m’ont fait payer 14 s. l’offre de leurs services dont nous n’avons pas besoin. J’étais tentée de la leur renvoyer.

On a apporté de chez M. Cermont[1] le plan, en vue d’oiseau, d’une mécanique à filer, avec l’application ; s’il faut te la faire passer, ainsi qu’une autre petite explication dont tu as déjà la planche, tu m’en avertiras. Le sr Gillet[2] est venu, mais, n’ayant rien d’important à te communiquer (a-t-il dit, en bas), il s’est proposé de repasser ; je lui ferai savoir alors ton absence. M. Duperron est venu aussi aujourd’hui s’informer aux filles si tu étais de retour ; une autre fois, je lui dirai, si je le vois, que tu es à Paris, car il te croit à la campagne. J’ai vu hier au soir M. Flesselles ; nous avons causé bonnement assez longtemps ; il m’a parlé du savon à M. Hr. [Holker] ; il le trouvait terrible et déjà l’avait fait voir à M. Price, qui le jugeait de même, quoique tous les faits lui en aient paru très exacts. J’ai écrit ce matin un billet au premier, pour lui dire mille choses de ta part et le prier de garder son livret sans le montrer à personne.

Il fait un froid pénétrant et un brouillard affreux ; j’ai été voir ma voisine, parce que ce temps-là rendant les visites rares, la mienne en aura paru meilleure et que je voulais qu’elle fût bien sentie, pour me dispenser d’en faire d’autres les jours qui vont suivre ; attendu qu’elle en recevra de cérémonie et que l’heure de ne pas les rencontrer me serait incommode. Je ne suis encore sortie que pour cet objet ; je vais bien empaquetée, en vraie nourrice. Je ne vois point son mari ; j’aurais été aujourd’hui dans son cabinet lui rappeler ses promesses, mais il dînait dehors et n’était pas rentré.

M. de Vin a été de fête avec tous les Câse[3] de l’univers ; il

    specteur des Manufactures de Caen s’appelait Brown (Almanach royal de 1783, p. 271), et était un de ennemis de Roland, ayant pris parti pour Holker contre lui. — Voir Appendice G.

  1. Nom peu lisible au manuscrit.
  2. Gillet « commis de la Halle foraine (communauté des Marchands réunis) », Almanach de Picardie de 1781, p. 49.
  3. Probablement des personnes de la famille de M. de M. « de Caze de Méry, contrôleur général ad honores des fermes générales à Amiens » (Almanach de Picardie, 1783, p. 67). — Cf. lettre du 16 août 1782.