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Son Discours préliminaire, qu’il écrivait en juillet 1798, est d’ailleurs utile à consulter.

Au commencement de 1800, l’édition était prête, et Champagneux envoyait à Paris, pour en surveiller la publication, son fils Pierre-Léon. C’est à cette occasion qu’il reçut de Mentelle la lettre datée du 4 germinal an viii (25 mars 1800) ; où le vieux géographe se révélait comme ayant été, en septembre et octobre 1793, le mystérieux correspondant de Madame Roland[1].

Au cours de ce voyage, le fils de Champagneux alla voir Portalis, un des vaincus de fructidor (comme son père), que le 18 brumaire venait de ramener au pouvoir. Portalis écrivit alors au chef de division disgracié (25 germinal an viii, 15 avril 1800):« Je viens d’embrasser votre fils… Je connais vos principes et vos sentiments. Il était impossible que vous pussiez rester en place quand on détruisait la liberté pour établir la plus dégoûtante tyrannie… Venez vous joindre et concourir aux vues d’un gouvernement qui veut la paix et le bonheur, etc… (Ms. 6241, fol. 158-159).

Champagneux ne se laissa pas tenter par ses ouvertures. Il préféra être nommé juge à la Cour d’appel de Grenoble.

Il mourut à Jallieu le 7 août 1807 et fut enterré, selon sa volonté, « dans sa propriété de Champagneux, sur la pente d’un coteau qui domine la riante vallée de Rosière souvent parcourue par Jean-Jacques »[2].

Sa femme lui survécut quinze années, et mourut à Paris, le 26 janvier 1822.

Son fils aîné, Benoît-Anselme, après avoir fait vaillamment son devoir de soldat en 1793 (voir ms. 6241, fol. 171 et suiv.), était entré en 1795 dans l’administration des ponts et chaussées, à Paris. Revenu ensuite à Lyon, il y a laissé un nom comme botaniste.

Madame Champagneux (Eudora Roland) vécut jusqu’en 1858, et son mari, Pierre-Léon, jusqu’en 1864.

Une de leurs filles avait épousé M. Joseph Chaley, ingénieur civil des plus distingués. C’est de ce mariage que sont issue trois filles, encore vivantes, Mme  veuve Taillet, Mme  veuve Marillier et Mlle  Marie Chaley.

Ces détails sommaires sur les descendants de Champagneux sont nécessaires pour se rendre compte de la transmission des manuscrits de Roland, jusqu’au jour de leur entrée à la Bibliothèque Nationale. C’est pourquoi nous avons cru pouvoir les consigner ici.

  1. Voir, ci-après, l’Appendice S.
  2. L. Fochier, Séjour de J.-J. Rousseau à Bourgoin, 1860, p. 15.