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de son choix pour remplir la place de maire pendant quatre années, etc… En conséquence, il requiert à ce que le brevet qui lui a été accordé par ladite Altesse le 1er du présent mois soit enregistré sur les registres de l’Hôtel la Ville, etc…[1] »

À peine installé, Chasset eut à s’occuper d’une entreprise chère au duc d’Orléans, la fondation d’une Société philanthropique. Il s’agissait d’organiser, à côté de la charité exercée jusque-là presque exclusivement par les couvents et les paroisses, un essai de charité laïque, et le duc d’Orléans, franc-maçon, ami des philosophes, s’était mis partout, dans tous ses apanages, à la tête de ce mouvement, dont il avait confié les soins d’exécution à son chancelier Ducrest, assisté alors de Brissot[2]. La « Maison philanthropique[3] de Villefranche, sous la protection de Monseigneur le duc d’Orléans », fondée le 1er janvier 1788, eut pour secrétaire Chasset lui-même. Le duc d’Orléans lui attribua une subvention annuelle de 2,000 livres[4].

Ces indications suffisent pour marquer les liens qui existaient entre la maison d’Orléans et la petite capitale du Beaujolais et expliquent que Madame Roland, dans ses démarches pour les Lettres de noblesse, ait songé un instant à recourir à cette protection. (Voir lettres 122, 123, etc…)

Nous la voyons aussi, dans l’hiver de 1785 à 1786 (lettres 212, 214, 216), s’occupant de procurer des renseignements au doyen du chapitre de Villefranche, Châtelain-Dessertines, pour l’oraison funèbre du duc d’Orléans qu’il devait prononcer. À Villefranche, c’était affaire d’importance.


§ 2. La Capitale.

C’est dans cette petite cité de 8,000 à 9,000 âmes[5], dont nous avons essayé ailleurs d’esquisser la physionomie vers la fin du XVIIIe siècle[6], que Madame Roland vint s’installer à l’automne de 1784. Ainsi que nous l’avons dit, l’inspecteur, bien qu’attaché à la généralité de Lyon, obtint de n’avoir dans la grande ville qu’un pied-à-terre, près de l’Intendance, et de résider effectivement à Villefranche, dans la maison de famille ; économie notable pour son budget.

Cette maison existe encore, sur la Grande-Rue, au n° 181, à l’angle de la petite rue Sainte-Claire. Elle est vaste et profonde et se prolonge, avec des cours et dépendances, jusqu’à une rue de derrière (appelée aujourd’hui rue Roland). Il y avait même, au delà de cette rue, d’autres dépendances et un jardin[7] allant jusqu’aux remparts. Le logis principal

  1. Archives municipales de Villefranche, registre des délibérations municipales.
  2. Mém. de Brissot, II, 432, — Cf. Revue rétrospective, t. I. 2° série, 1835, p. 317.
  3. Alm. du Lyonnais de 1789, p. 170.
  4. Arch. municip. de Villefranche, GG, 60. — Disons ici que, bien que Chasset ait eu forcément des rapports avec les Roland (il était d’ailleurs leur voisin, car sa maison et au n° 168 de la Grande-Rue), il semble qu’il n’y ait jamais eu liaison ; Madame Roland ne le nomme qu’une fois (lettre 388). — Il y eut aussi une Société philanthropique à Lyon en 1789. (Voir Appendice N.)
  5. Robert de Hesseln, Dict. universel de la France, 1771.
  6. Les Roland en Beaujolais au XVIIIe siècle.
  7. « Vos fraises et vos cerises se gâteront, si vous ne venez pas bientôt », écrivait Mme  Braun à Madame Roland, le 13 avril 1791.