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Le 30 septembre 1786, Roland, écrivant à Bosc (coll. Morrison, inédit), le charge de faire passer une lettre à « M. Flesselles, entrepreneur de manufactures, à Amiens ».

En juin 1786, Roland retourne à Amiens pour y voir Flesselles et Delamorlière (ms. 6240. fol. 256-261, lettre de Roland à sa femme).

En 1790, nous trouvons deux lettres de Roland à Bosc (15 mai et 29 août, inédites, coll. Morrison), le priant de faire passer à Flesselles, sous le couvert administratif de M. d’Eu, des billets, avec imprimés et échantillons. Les amis d’Amiens continuaient évidemment à contribuer au Dictionnaire.

La Révolution, à Amiens, fit passer le pouvoir municipal des négociants aux fabricants : Flesselles devint électeur, puis notable et administrateur de l’Hôtel-Dieu (Alm. hist. et géogr. du département de la Somme, 1792, p. 16, 69 et 80). Nous le verrons plus loin administrateur du département.

Il se servit alors de ses relations avec Lanthenas, qu’il avait dû connaître par les Roland, pour se faire soutenir par le Patriote français dans ses luttes contre ses adversaires politiques d’Amiens ; voir Patriote du 4 janvier 1792, article de Lanthenas sur lui : du 24 mars 1792, autre article de Lanthenas sur « P. Flesselles, citoyen d’Amiens », contre Chambosse, receveur du district de cette ville.

Le directoire et le conseil général de la Somme, ayant protesté contre les événements du 20 juin 1792, furent dissous par un décret de la Législative (17 août) et renouvelés par élection (25-28 septembre). Flesselles fit partie du nouveau directoire. Nul doute qu’il n’ait travaillé alors à faire élire Roland député de la Somme (on sait que celui-ci finit par ne pas accepter) et qu’il n’ait été en toute occasion un « Rolandiste » déclaré. Nous voyons du moins, à partir de ce moment et pendant toute la durée de la lutte, Amiens se prononcer pour Roland.

Le 24 novembre, une adresse des citoyens d’Amiens à la Convention exprimait leur confiance dans le ministre de l’Intérieur (Patriote français, du 1er décembre). À la séance de la Convention du 24 mars 1793, André Dumont dénonçait une autre adresse de la Société populaire d’Amiens, réclamant, en treize articles, la création d’une force départementale auprès de l’Assemblée, la poursuite des assassins de septembre, la destitution de la Commune de Paris, etc… en un mot tout le programme de Roland, et enfin le rappel de Roland an ministère. Enfin, après le 31 mai, les membres du Directoire, dans une séance du 10 juin, parurent s’associer à la protestation lancée par huit députés de la Somme contre l’attentat à la représentation nationale. Mais, dès le 14, la Convention, sur le rapport de Jeanbon-Saint-André, décréta leur suspension, leur arrestation et leur comparution à sa barre. Flesselles était du nombre. Devant la Convention, où ils comparurent le 19, leur vaillance ne se soutint pas. Puis le 27, ils vinrent faire amende honorable devant la redoutable Assemblée qui, prenant acte de leur soumission, les renvoya à leurs fonctions (P. V. C., 27 juin). Mais ce fut pour peu de temps : le 2 septembre, Dumont et Lebon, envoyés en mission dans la Somme, rendaient un arrêté par lequel ils dissolvaient l’administration départementale et ordonnaient contre Flesselles et six de ses collègues la destitution, l’arrestation, avec apposition des scellés sur leurs papiers. (Voir le texte de l’arrêté dans Darsy, Amiens et le département de la Somme pendant la Révolution, Amiens, 1878, p. 133.)

Flesselles se cacha d’abord pendant plus de deux mois, puis se livra, mais resta très peu