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été des parents ou des alliés de la famille Roland), à M. et Mme  Deu, et à M. Devin, leur inséparable.

I. Alexandre-Nicolas de Bray, né le 8 septembre 1729, d’une famille considérable d’Amiens, seigneur de Flesselles, Bours, Ailly, Fouches et autres lieux, avait épousé, en 1757, Marie-Louise Decourt, sa parente[1]. Il était, dès 1770, avocat du Roi au Bureau des finances de la Généralité de Picardie ; il mourut en charge le 15 septembre 1785. Cet excellent homme, dont la maison fut largement ouverte aux Roland, avait un goût excessif pour les places, ainsi que nous l’avons remarqué (lettre 43). Il avait d’ailleurs de l’instruction et de la lecture.

Sa mère, Marie-Antoinette Decourt, et sa tante, Madeleine Decourt, paraissent avoir été les « bonnes mères », les « grands-parents », dont il est souvent question dans la correspondance de 1781 et 1782. Sa tante Madeleine avait été sa marraine et il avait eu pour parrain Nicolas Cannet, probablement le père des deux amies de Madame Roland. Toutes ces familles de grosse bourgeoisie d’Amiens avaient entre elles des liens nombreux.

Il avait eu un frère et cinq sœurs, dont une seule, Marie-Henriette-Constance que nous allons retrouver, devra nous occuper ici.

Il laissa deux filles et deux fils. L’aînée de ses filles, Alexandrine-Louise-Antoinette-Madeleine, née le 20 février 1758, épousa en 1781 Jean-Baptiste-Fidèle-Anguste-Marie Durieux, écuyer, seigneur de Gournay et de Beaurepaire, qui mourut en 1818. Une autre, Henriette, épousa en 1786 le comte de Saisseval, dont la descendance subsiste et habite le château patrimonial de Flesselles.

De ses deux fils, l’aîné, Alexandre-François, né en 1763, « chevalier, seigneur de Flesselles, Greslieu, Bours, Blangy, La Mairie, Damery et autres lieux » (Inv. de la Somme, B. 269) est probablement le citoyen dévoué que la municipalité d’Amiens envoya en Hollande, en 1789, pour en ramener des grains et qui fut reçu en triomphe à son retour (Inv. d’Amiens, AA, I, 238).

II. Madame de Chuignes. Marie-Henriette-Constance de Bray, sœur d’Alexandre-Nicolas l’avocat du Roi dont nous venons de parler, née le 31 août 1733, se maria en 1756, un an avant son frère, avec François Sentier, « écuyer, conseiller du Roi, président-trésorier de France et général de ses finances en la Généralité d’Amiens » (Arch. d’Amiens, état civil, paroisse Saint-Martin). Le père de François Sentier est désigné dans l’acte avec les qualités de « écuyer, seigneur de Chuignes, Brunfay et autres lieux » (Chuignes était un petit fief de la paroisse de Saint-Sulpice, près de Ham.) Sa mère s’appelait Geneviève Poulain. On voit que les Sentier de Chuignes, comme les de Bray, sortaient de la roture en ligne maternelle.

  1. Inv. des Arch. de la Somme, B. 138. Pour toutes les indications qui vont suivre, nous puisons dans les Inventaires des Archives de la Somme et des Archives communales d’Amiens, publiés par M. Georges Durant, et complétés par les nombreux et précieux renseignements particuliers que le savant archiviste a bien voulu nous procurer. Le livre de M. A. de Louvencourt (Les Trésoriers de France de la Généralité d’Amiens) nous a aussi fourni plusieurs dates.