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de France d’Amiens, et c’est toujours Mme  Coquerel qui apparaît dans les lettres de Madame Roland.

La maison était adossée au cloître Saint-Denis, qui servait de cimetière. « En nettoyant aujourd’hui l’écurie, Marie-Jeanne a aperçu quelque jour au mur mitoyen du cloître Saint-Denis ; j’ai fait prévenir Mme  Coquerel… » (lettre du 14 janvier 1782). — « On meurt ici comme des mouches ; je ne vais pas une fois à ma toilette que je ne voie faire une fosse ou la meubler » (lettre du 28 janvier 1782). — Aussi le cimetière Saint-Denis était-il un foyer d’insalubrité, et, pendant tout le XVIIIe siècle, on ne cessa de demander qu’il fût transféré hors la ville (Inv. de la Somme, C. 52 et passim ; Inv. d’Amiens, I, AA, 189, 203, 204, 226, 313 et suiv.). Mais ce n’est qu’entre 1826 et 1840 qu’on supprima ce cimetière et qu’on démolit le cloître qui l’entourait, pour créer à la place le square Saint-Denis où est aujourd’hui la statue de Ducange. La maison Coquerel dut être démolie alors, ainsi que toute la partie de la rue du Collège où elle était comprise (la partie conservée de la rue s’appelle de la rue s’appelle aujourd’hui rue Porte-de-Paris).

La maison était vaste, séparée en deux corps de logis (lettre du 1er janvier 1782) : il y avait une porte cochère (lettre du 30 décembre 1781), une cour et une écurie qui servait plutôt de hangar (lettres du 14 janvier 1782 et du 21 août 1783), car c’était dans une autre écurie, à quelque distance de son logis, que Roland tenait le cheval qui lui servait pour ses tournées d’inspection (lettre du 25 juillet 1781 et lettre de Roland à sa femme du 16 avril 1784, ms. 6240, fol. 190-193). Il y avait un jardin dont Madame Roland s’occupait volontiers, et même une vigne dont elle attendait du raisin pour les moineaux (lettres des 21 mai et 30 décembre 1781 ; 1er janvier, 28 janvier, 5 avril 1782). Nous avons déjà dit que, la chambre à coucher donnant probablement sur la rue du Collège, le cabinet de toilette, situé derrière, avait vue sur le cimetière (lettres des 14 et 20 janvier 1782).

Pour égayer cette maison un peu triste. Madame Roland avait un clavecin (lettre du 17 avril 1784). C’était celui de la Salle du concert d’Amiens, quelle s’était fait prêter. Ce n’est que fort tard qu’elle put se donner le luxe d’en avoir un à elle.

Près de la maison était l’église du Collège ou église des Jésuites, attenante également au cloître Saint-Denis. C’est là que Madame Roland allait « se geler les pieds le dimanche pour l’édification du prochain et le salut de son âme » (lettres des 12 et 28 janvier 1782). Affaire de proximité, car la chapelle du Collège n’était pas une paroisse ; le quartier dépendait de la paroisse de Saint-Michel, dans l’église de laquelle Eudora Roland, née le 4 octobre 1781, fut baptisée le lendemain.


§ 3. Les parents et les amis.

Dans le cercle de relations et d’amitiés au milieu duquel Roland passa à Amiens dix-huit années et où Madame Roland vécut de 1781 à 1784, nous ne ferons que mentionner ici les demoiselles Cannet auxquelles nous avons déjà consacré un Appendice spécial, ainsi que le manufacturier Flesselles, qui fera l’objet d’un autre Appendice. Mais nous devons donner une large place à M. de Bray, à Mme  de Chuignes (qui paraissent avoir