Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertueux mari dans le projet de pervertir l’esprit public par un bureau de formation dudit esprit[1]. Comme le procès tient à celui de la grande conspiration, la Ce Roland voudra bien attendre le rapport général qui doit en être fait après que nous aurons sauvé nos finances par un grand plan, et que nous aurons jeté l’ancre de la Constitution par l’éducation nationale et la simplification du code.[2]

« Je communiquai cette lettre à la Ce Roland, qui, bien convaincue qu’elle n’avait plus rien à espérer d’hommes atroces et prévenus, jugea seulement à propos de consacrer leur injustice dans sa lettre à la section de Beaurepaire[3]. »


537

AU CITOYEN DUPERRET [À PARIS[4]].
[Fin juin ou commencement de juillet 1793, — de Sainte-Pélagie.]

Je vous dois mille remerciements, brave citoyen, des sentiments que vous me témoignez, et surtout des excellentes choses dont vous me faites part. Mes amis et ma patrie sauvés, que m’importe le reste ! Dès que les premiers sont en sûreté, et que la majorité des départements, jugeant l’état des choses, se dispose à l’améliorer, je n’ai plus d’inquiétude ni de regrets. Je suis fière d’être persécutée dans un moment où l’on proscrit les talents et l’honnêteté. Assurément, je suis plus tranquille dans les fers que ne le sont mes oppresseurs dans l’exercice de leur injuste puissance. J’avoue que le raffinement de cruauté avec lequel ils ont ordonné ma mise en liberté pour me faire arrêter de nouveau l’instant d’après m’a enflammée d’indignation ; je n’ai plus vu jusqu’où pourrait se porter leur tyrannie ; je me suis hâtée de faire prévenir tous ceux qui prennent à moi quelque intérêt, non que je crusse qu’il y eût rien à faire, ni

    d’Aristide Valcour, dans le Journal de la Montagne, du 25 juillet, cité par Vatel, II, 359 ; — rapport d’Amar à la Convention, du 3 octobre. — Cf. les démentis de Madame Roland, Mém., I, 194, 222-223, 236.

  1. Sur le Bureau d’esprit public, tant reproché à Roland, voir la réponse de sa femme, Mém., I, 122-125.
  2. Champagneux a reproduit encore deux fois cette lettre, t. II, p. 195, et t. III, p. 395.
  3. C’est la lettre ci-après, du 4 juillet, n° 539.
  4. Cette lettre est évidemment une réponse à la lettre précédente de Lauze de Perret. Publiée par champagneux, III, 433, reproduite par Faugère, I, 324, elle se trouve en original aux Archives, dossier déjà cité, cote 3.