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nière à votre égard, car l’usage de mon indépendance n’est pas pour moi la rupture des liens sacrés de l’estime et de la reconnaissance ; et, sans prétendre vous débiter jamais des préceptes ou vous faire des prédictions, je saurai, même dans mes erreurs, vous offrir des exemples.

Venez-vous dîner aujourd’hui, pour les autres du moins ?


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[À LANTHENAS, À PARIS[1].]
[Décembre ? 1792, — de Paris.]

Justice et fierté s’indignent de vos excès, mais l’amitié les pardonne, parce qu’elle les attribue à un égarement qu’elle regrette et voudrait vous épargner.

Si vous vous sentez capable de venir chez moi et d’y être ce que vous devez, je vous recevrai avec l’affection que vous méritez. Mais je vous préviens que je ne souffrirai pas une troisième scène. Je sais tout ce que je dois à l’amitié, mais je suis incapable de rien accorder à aucune espèce de crainte, la mort dût-elle s’y trouver, car je sais aussi ce qui m’est dû et je ne souffre pas qu’on l’oublie.

Votre touchante douleur de ces jours passés vous méritait les consolations de l’amitié ; je veux vous taire, par égard, l’effet de votre disposition contraire, et si vous me connaissez bien, vous devez le juger assez.

  1. Ms. 9533, fol. 276. — Il résulte des documents que M. Faugère a joints à l’automne qu’il avait été donné, en 1844, à Mme  la comtesse Duchâtel par M. Richond des Brus, député de la Haute-Loire (allié ou ami de la famille Lanthenas).