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ANNÉE 1792.


AVERTISSEMENT.

Les cinquante et une lettres de l’année 1792 ne sont certainement qu’un faible reste de la Correspondance. Sans doute, Madame Roland a eu moins d’occasions d’écrire ; aucune absence ne la sépare de son mari ; ses amis et correspondants ordinaires, Bosc et Lanthenas, sont auprès d’elle à Paris ; Bancal y fait de longs séjours ; Champagneux y arrivera en août, appelé par Roland à une division du ministère. On peut dire aussi que la femme du ministre, prise par les événements, absorbée par les « devoirs » qu’elle s’est créés dans sa nouvelle situation, a manqué de loisirs pour se remettre aux longues causeries d’autrefois. Comment admettre cependant que sa plume si active se soit ralentie au point de ne nous laisser que ces cinquante et une lettres, dont beaucoup ne sont que de simples billets ? Il ne parait donc pas douteux que la plus grande partie de sa correspondance de 1792 nous manque et, sauf quelques trouvailles isolées, nous manquera toujours.

Par contre, ainsi que nous le disions dans notre Introduction, la plupart de ces lettres « sont des actes » et éclairent l’histoire des deux ministères de Roland. Il nous parait donc utile, au risque de donner à cet Avertissement une ampleur inaccoutumée, de préciser les événements auxquels se rapportent les plus importantes.


I

AVANT LE MINISTÈRE.

Rassemblons d’abord les circonstances qui ont précédé et amené l’élévation subite de Roland au Ministère de l’intérieur.

Nous avons vu qu’à l’automne de 1791 il se trouvait au Clos. Il écrivait à Bosc, le 30 septembre (collection Morrison, inéd.) : « Je vais me livrer à la réparation des maux d’une trop longue absence d’un bien négligé de longtemps » ;